Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXV, 1888.djvu/435

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
425
ANALYSES.g. sergi. La psychologie physiologique.

moins limitée ; pour ne prendre qu’un exemple important, il y a nombre de données physiologiques que l’on n’a pas encore appliquées à la question de la nature de la relation qui existe entre le phénomène psychique et le phénomène physiologique et à la question de la formation et du développement de la conscience.

Il faudrait maintenant exposer et analyser les principales opinions et théories soutenues par M. Sergi ; on a vu que, pour les raisons indiquées au début de cet article, cette critique pourrait paraître superflue. Qu’il suffise de rappeler ici quelques points essentiels.

En ce qui concerne la sensation, l’auteur montre d’abord que, consciente en elle-même, elle n’en est pas moins composée d’éléments inconscients. Exemples à l’appui de cette opinion. Mais ce phénomène, interne par rapport à la force extérieure qui excite et provoque le phénomène, nous donne une forme ou image d’objet, qui est par conséquent chose subjective. C’est ce fait qu’il appelle objectivation de l’image. Plus loin vient l’étude du passage de la sensation à l’idée. Cependant « le processus d’idéation » n’est que le commencement de la pensée ; par son processus propre, la pensée réunit ou sépare les formes mentales et, observant les ressemblances et les différences, attribue l’universalité aux idées ou éléments qui peuvent être communs à beaucoup d’objets (p. 154). Dans les chapitres qui suivent sont étudiés le « développement de la perceptivité » et les opérations qui constituent l’activité de la pensée. La question de la relativité de la connaissance est ensuite posée, et, ce me semble, assez mal posée, en ce sens que M. Sergi paraît trancher un peu aisément la très grosse difficulté philosophique de savoir ce que nous connaissons de la nature extérieure et d’abord si même nous la connaissons et la pouvons connaître. Il convient encore d’indiquer les chapitres qui concernent l’association et la reproduction des perceptions et la mémoire.

Sur la nature de la conscience, l’auteur s’exprime très explicitement. Le phénomène psychique est aussi phénomène physiologique (p. 92). Malheureusement cette proposition moniste n’est guère qu’énoncée. « La conscience, dit ailleurs (p. 240) M. Sergi, ou les états de conscience qui semblent simples et formés d’une unité indivisible dérivent d’éléments inconscients, d’une multiplicité, d’une succession d’éléments externes et de processus, et se manifestent comme un résultat de tous ces antécédents, résultat qui apparaît simple dans sa forme comme toutes les propriétés des choses. » « La conscience est une sorte d’organisme qui est la forme psychologique de l’organisme animal vivant, » (P. 241.) C’est le sentiment de l’activité propre qui se transforme dans le sentiment que l’on a de soi comme de quelque chose d’actif. C’est là une simple acquisition de l’expérience.

Le reste de l’ouvrage, de la page 304 à la page 443, est consacré au sentiment et à la volonté. C’est l’idée d’évolution qui domine toute la partie où l’auteur traite du sentiment en général, du plaisir et de la douleur, du développement des sentiments, des divers sentiments, etc.