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Ici, quand il n’expose pas ses idées personnelles, ce n’est plus Wundt qu’il suit, mais les Anglais, A. Bain, H. Spencer surtout.

Le livre cinquième et dernier sur la volonté s’ouvre par deux chapitres trop courts sur le mouvement réflexe et sur l’instinct. Le chapitre important de ce livre est une analyse minutieuse de la volition ; M. Sergi étudie l’origine et les éléments de la volonté, puis le développement de la volition, distinguant les motifs, le choix entre les divers motifs, l’impulsion psychique, la détermination, l’exécution et le mouvement. En ce qui concerne la question de la liberté, l’auteur est assez bref. La conscience, d’après lui, ne témoigne pas de la liberté, mais seulement de la possibilité d’agir d’une façon plutôt que d’une autres et elle nous fait connaître que nous avons des motifs pour agir ou pour vouloir une action. D’où il suit que l’homme n’est pas responsable parce qu’il est un être qui veut ; mais il est responsable parce qu’il est un être qui raisonne. Il faut remplacer le mot responsabilité par le mot imputabilité.

E. Gley.

Dr Tissié. — Note sur quelques expériences faites dans l’état de suggestion. — Dynamométrie, sensibilité et mouvement (Extrait des Bulletins de la Société d’anthropologie de Bordeaux et du Sud-Ouest, t.  III, 3e et 4e fascicules). In-8o, 12 pages. Bordeaux. A. Bellier et Cie, 1887.

M. Tissié rapporte les expériences qu’il a faites avec M. Espinas, sur deux sujets hypnotisés, âgés l’un de vingt-six, l’autre de seize ans. Il a constaté que chez le premier les odeurs agréables diminuent la force dynamométrique, tandis que les odeurs désagréables l’augmentent : les résultats sont les mêmes, si l’on se borne à suggérer les odeurs. La suggestion d’idées gaies ou tristes a donné des résultats contradictoires. M. Tissié suggère au sujet qu’il n’a plus de bras, puis lui ordonne de boutonner sa veste : ses bras malgré ses efforts restent immobiles, mais au bout de peu de temps la sensibilité reparaît et elle ramène avec elle le mouvement. Cinq autres expériences analogues à celle-là donnent le même résultat : une seule fois A. reste cloué au sol parce qu’on lui a suggéré qu’il ne sent plus la plante de ses pieds. M. Tissié lui chatouille la luette après lui avoir suggéré qu’il ne sent pas : il a des nausées, mais il ne perçoit pas le chatouillement, et il rapporte les nausées qu’il ressent à l’ordre qu’on lui a donné d’ouvrir la bouche. On lui a suggéré qu’il n’a plus de verge, puis on lui pique le gland : la sensation est rapportée au ventre. On lui dit qu’il ne sent plus sur le ventre : la sensation est rapportée à la cuisse et, à la suite d’une nouvelle suggestion, au bras. « La douleur est ressentie, mais non localisée ; elle court sur toutes les parties du corps, chassée tour à tour par la suggestion. » Il se heurte le front contre un mur fictif dont on lui a