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ANALYSES.dosson. Étude sur Quinte Curce.

suggéré l’image ; son front devient rouge et le fait souffrir ; on lui ordonne de passer à travers le mur, il y réussit après de grands efforts : il est épuisé de fatigue, tous les membres lui font mal. On lui suggère de passer à travers un mur, réel celui-là ; après quelques efforts, il s’imagine avoir réussi. A. voit mal de l’œil gauche : on ne peut, lorsqu’il est endormi, lui faire accepter pour cet œil-à aucune suggestion. M. Tissié délimite avec le doigt sur son second sujet les insertions de certains muscles (masséter, diaphragme, sterno-cléidomastoidien, rond pronateur, etc.) ; puis il lui suggère qu’il ne sent plus aux points que le doigt a touchés : les mouvements auxquels ces muscles sont nécessaires deviennent impossibles.

On pourrait adresser quelques critiques aux expériences faites sur les odeurs : on ne sait si les chiffres indiqués se rapportent à des expériences faites une seule fois ou si ce sont des chiffres moyens ; d’autre part, M. Tissié ne semble pas avoir pris la force dynamométrique de son sujet endormi, avant de rechercher si les sensations olfactives font subir à cette force des variations.

L. Marillier.

S. Dosson. Étude sur quinte curce, sa vie et son œuvre. 1 vol.  in-8o. Paris, Hachette, 1887.

M. Dosson a publié sur Quinte Curce un ouvrage considérable qu’il ne nous appartient pas d’apprécier dans son ensemble. Mais nous croyons utile de signaler aux lecteurs de la Revue philosophique la partie dans laquelle il est question de Quinte Curce et de son œuvre, de l’authenticité de l’histoire d’Alexandre, de l’époque où vécut Quinte Curce et de ses homonymes. On sait qu’il y a peu d’ouvrages anciens sur lesquels les érudits et les historiens aient porté des jugements aussi différents : M. Dosson a examiné tous les témoignages, recueilli tous les textes de quelque importance : il a interprété les uns et les autres avec une sagacité et une pénétration telles qu’on peut citer : son travail, lors même qu’on n’en accepterait pas tous les résultats, comme un modèle de critique historique.

Nous appellerons plus spécialement encore l’attention de nos lecteurs sur le troisième chapitre de la troisième partie. L’auteur y examine les progrès de la philosophie à Rome au 1er siècle ; il signale le goût des Romains pour la morale et étudie chez Quinte Curce le psychologue et le moraliste. Il est exact et précis en parlant de la philosophie romaine, et c’est tout ce qu’on peut demander d’un historien après les travaux de MM. Zeller, Martha, Boissier, etc. Il est original et intéressant quand il nous parle de Quinte Curce comme psychologue et comme moraliste. Il insiste avec raison sur les analyses psychologiques que l’on trouve dans l’histoire d’Alexandre, car elles dénotent de la finesse, quelquefois même de la pénétration. Mais le psychologue