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société de psychologie physiologique

pour effet de montrer la convenance de changer notre enseignement en le complétant par quelques leçons sur la position réelle des principes dans l’étude inductive du monde.

II. M. Tannery est l’un des adversaires les plus convaincus de la psycho-physique. Je crois qu’il reconnaîtra que, pour discuter convenablement cette question, il faut faire des distinctions qu’on ne fait pas d’habitude.

Tout d’abord, dans ces recherches, je remarque que les relations numériques n’ont pas la même signification qu’en physique ; les nombres ne s’appliquent pas à des individus réels, mais aux formes moyennes de Quételet ; ils n’ont qu’une valeur statistique. En physiologie, je crois qu’il en est de même : il n’y aurait donc aucun avantage à poser le problème physiologique comme intermédiaire.

On ne saurait soumettre aux procédés analytiques une formule statistique, comme on le fait pour les formules physiques ; plus on manipulera une pareille expression numérique, plus on accumulera les erreurs.

En second lieu, il faut distinguer deux sortes de lois psycho-physiques les premières portent sur les illusions, les autres sur la mesure des sensations. [J’ai essayé de faire, dans la Revue, cette distinction.] Les lois des illusions jouent un grand rôle dans la pratique : il n’y a aucune objection à faire à priori contre elles, puisqu’on compare, dans ces formules, des excitations toutes mesurées d’après les règles de la physique.

Je reconnais qu’on peut faire beaucoup d’objections aux lois des sensations. Le malheur est que Fechner a embrouillé la question en prétendant déduire sa formule de celle de Weber, et en croyant avoir donné une loi universelle. D’ailleurs, les recherches précises manquent, parce qu’il n’est pas nécessaire, pour les applications, de beaucoup de précision dans les appréciations esthétiques.

M. Tannery a donné un très grand nombre de formules publiées par des étrangers ; il a omis de citer M. Breton, qui a communiqué, à l’Association française pour l’avancement des sciences (année 1885), des observations sur ce problème ; il a comparé trois surfaces A, B, C, tellement disposées, que les spectateurs appréciaient les différences d’éclairement A-B et C-B égales. Il conclut comme Plateau à une formule parabolique.

Recevez, M. le Directeur, l’hommage de ma considération la plus distinguée.

G. Sorel.