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LES RÉFLEXES PSYCHIQUES

(Fin[1].)

§  V. — Influence de la volonté sur les actes psychiques réflexes.

Nous n’essayerons pas de donner une définition quelconque de la volonté ; nous nous contenterons d’adopter le sens général qu’on adapte à ce mot, qui est très clair, tant qu’on se contente de le comprendre, sans chercher à pénétrer la nature même du phénomène[2].

Par exemple, j’écris en ce moment le mot phénomène. C’est là un acte volontaire, dont le caractère volontaire n’est pas douteux, tandis que, si un bruit soudain se fait entendre près de moi et me fait tressaillir, mon tressaillement est involontaire. Le caractère involontaire de mon tressaillement n’est pas plus douteux que le caractère volontaire de mon acte d’écrire le mot phénomène.

Donc, en admettant que le mot volonté se définit suffisamment par lui-même, — et c’est, je crois, le parti le plus sage à prendre — nous devons étudier l’influence de la volonté sur les réflexes psychiques.

Tout d’abord il est évident que la volonté ne peut modifier les mouvements réflexes qui ont lieu dans les viscères. La volonté ne peut agir ni sur le cœur, ni sur l’intestin, ni sur les vaso-moteurs, ni sur les canaux excréteurs des glandes, ni sur les sécrétions lacrymale, biliaire, sudorale, salivaire, gastrique. Ainsi tous les réflexes psychiques viscéraux seront, d’une manière incontestable, non seulement involontaires, mais encore soustraits à la volonté.

Quant aux mouvements musculaires réflexes de la vie animale, ils sont évidemment involontaires ; car sans cela nous n’aurions pas le droit de les appeler réflexes. Pourtant, quoique étant involontaires, ils sont dans une certaine mesure soumis à la volonté. Comme l’ai dit à diverses reprises, il y a une distinction fondamentale entre un fait voulu, et un fait non voulu, mais que la volonté peut modifier.

  1. Voir les deux numéros précédents de cette Revue.
  2. Voyez ce que nous disons à cet égard dans notre Essai de psychologie générale, p. 171.