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RICHET.les réflexes psychiques

Les actes psychiques réflexes sont des faits non voulus, mais que la volonté peut modifier. C’est cette influence même de la volonté qu’il faut étudier de près.

Ce qui rend cette étude difficile, c’est qu’il y a là encore plus de transitions insaisissables que dans tous les phénomènes jusqu’à présent étudiés dans ce travail.

Voyons d’abord l’influence de la volonté sur les réflexes simples, non psychiques, des muscles de la vie animale, et prenons pour exemple le réflexe de la toux qui n’a manifestement rien de psychique, et sur lequel la volonté a cependant beaucoup d’influence.

La toux est une action réflexe dont le point de départ est dans les nerfs sensitifs du larynx et des bronches. L’excitation sensitive, remontant au bulbe, va se transmettre aux centres moteurs de la respiration et déterminer une expiration convulsive brusque, précédée parfois d’une profonde inspiration. L’excitation qui provoque la toux est en général un corps étranger introduit dans le larynx et dans les bronches : tantôt ce corps étranger vient du dehors, par un accident quelconque ; tantôt il est représenté par des mucosités bronchiques ou laryngées.

Cette toux réflexe est parfois tellement impérieuse que nulle volonté ne peut l’entraver, comme dans le cas de l’introduction d’une parcelle d’aliments qui ont pu franchir la glotte. Dans d’autres cas, la volonté peut l’entraver, et cela avec plus ou moins de difficulté. Enfin, la volonté peut presque produire la toux, en ce sens que souvent l’excitant est insignifiant, et que nous toussons parce que nous voulons tousser.

Ainsi toutes les transitions s’observent franchement entre les divers degrés de l’influence de la volonté depuis la toux volontaire, jusqu’à la toux que la volonté ne peut absolument pas arrêter.

Pour expliquer ces transitions, prenons une comparaison toute mécanique. Soit une force EO agissant sur un point O, de manière à déterminer un mouvement. — C’est le cas simple du réflexe direct sans intervention de la volonté. — (Nous supposons toujours que l’excitabilité du centre O, qui représente les centres nerveux, est invariable.)

Mais faisons intervenir la volonté : nous pouvons la comparer à une force antagoniste AO, directement opposée à la force d’excitation du réflexe EO : il y aura alors soit un mouvement, soit absence de mouvement, suivant que la force d’arrêt qui est la volonté sera plus ou moins grande, et que la force d’excitation, qui est l’excitant réflexe, sera plus ou moins grande.