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RICHET.les réflexes psychiques

puisqu’il n’y a aucune appréciation de la qualité de l’excitant. Mais il y a pourtant dans cette contraction de l’iris une sorte d’adaptation à la plus ou moins grande quantité de lumière, puisque, en se contractant plus ou moins, l’iris laisse arriver jusqu’à la rétine plus ou moins de rayons lumineux.

Un degré de complication plus avancé, c’est l’adaptation du cristallin par l’iris et le muscle ciliaire à la distance des objets : il y a là une sorte d’appréciation vaguement consciente. Aussi le réflexe de l’accommodation est-il un réflexe psychique. Mais on comprend combien ce réflexe psychique élémentaire est voisin de l’acte réflexe simple.

Nous pouvons ranger les réflexes psychiques en deux groupes : les réflexes d’adaptation et les réflexes d’émotion.

Les réflexes d’adaptation sont les mouvements annexés aux organes des sens. Tout à fait automatiquement l’encéphale règle les mouvements des appareils sensoriels d’après la nature de l’excitant. Quand une lumière frappe l’œil, quand un son frappe l’oreille, il se fait dans les organes moteurs de l’œil et de l’oreille une série de mouvements réflexes plus ou moins compliqués, qui ont pour effet de mettre au point le son ou la lumière en question. Ce sont des réflexes psychiques ; car il faut l’appréciation, quelque rudimentaire et automatique qu’elle soit, des forces extérieures qui agissent sur nos sens, au point de vue de la distance, de la direction, du mouvement.

La conscience de ces réflexes est très vague, et, si l’on réserve le mot de conscience, comme cela me paraît presque indispensable, quand on ne veut pas tomber dans une inextricable confusion, aux phénomènes dont nous avons aperception claire et distincte, accompagnée de mémoire, de comparaison avec le passé, d’appréciation et de jugement, nous dirons que ces réflexes se passent en dehors de la conscience. La conscience de ces réflexes est une sorte de conscience sourde, locale, qui ne dépasse pas l’étroite limite des centres nerveux où se produit cette rapide et rudimentaire élaboration.

Les réflexes d’émotion sont infiniment plus variés et plus complexes.

En effet l’excitation sensible parvenue aux centres nerveux peut provoquer une émotion, qui affectera la conscience d’une manière agréable ou désagréable. Le réflexe qu’elle produira alors ne sera plus un réflexe simple, mais un réflexe dépendant de l’émotion. Si l’oiseau s’enfuit effrayé devant un serpent, ce n’est pas par suite de