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sensible arrive aux centres nerveux et détermine la vibration de ces centres, vibration qui se propage aux nerfs moteurs qui en dépendent et produit un mouvement.

Cet acte réflexe est tantôt conscient, tantôt inconscient, sans que le caractère de conscience ou d’inconscience l’empêche d’être réflexe, c’est-à-dire involontaire. Il peut même se faire que la volonté soit capable de ralentir ou d’empêcher ce réflexe. Mais, quoique la volonté puisse l’empêcher d’apparaître, il n’en est pas moins, quand il se produit, involontaire, c’est-à-dire déterminé par un excitant extérieur autre que la volonté.

Si l’excitation est intense, la vibration nerveuse est forte, et le mouvement réflexe qui en résulte est énergique. Si l’excitation est faible, la vibration nerveuse est faible, et le mouvement réflexe qui en résulte, peu accentué. Autrement dit, toutes conditions égales d’ailleurs dans l’excitabilité des centres nerveux, le mouvement réflexe est proportionnel à l’intensité de l’excitation sensible.

Mais si à ces centres nerveux élémentaires viennent se surajouter d’autres centres nerveux plus parfaits, qui jugent la nature de l’excitation, et qui adaptent la réponse motrice non plus à l’intensité de l’excitation, mais à la nature de l’excitation, alors ce n’est plus un acte réflexe simple, c’est un réflexe psychique, c’est-à-dire un acte qui suppose une élaboration intellectuelle, plus ou moins rudimentaire, sourdement consciente ou pleinement consciente, qui fait la réponse motrice conforme non à la quantité, mais à la qualité de l’excitant.

En effet une réaction qui n’est pas en rapport direct avec l’intensité de l’excitant, perd son caractère physiologique pour prendre le caractère psychologique. C’est encore un mécanisme, puisque la réponse est fatale, étant donnée telle ou telle excitation portant sur tel ou tel organisme ; mais c’est en outre un mécanisme doué d’un certain degré de conscience, puisqu’il sait s’adapter aux conditions extérieures. La conscience est d’ailleurs à tous les degrés, et ne modifie rien à la nature fatale de la réponse motrice, qu’il s’agisse du plus infime des êtres, ou de l’homme.

Quoique le plus souvent il y ait une distinction formelle à faire entre le réflexe simple, sans discernement d’aucune sorte, et le réflexe psychique accompagné d’un discernement plus ou moins conscient, toutes les transitions s’observent entre le réflexe simple et le réflexe psychique compliqué. Quand la rétine est excitée par une plus ou moins grande quantité de lumière, l’iris se contracte, plus ou moins, par voie réflexe : c’est un réflexe non psychique,