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Les excitations réflexes peuvent porter soit sur les appareils organiques (glandes lacrymales, sudorales, biliaires, urinaires, gastriques ; conduits excréteurs de ces glandes ; cœur, vaso-moteurs, iris, muscles de l’intestin et de l’estomac), soit sur les muscles de la vie animale. En général l’effet produit sur les appareils organiques est peu connu de la conscience, par suite de l’inconscience des mouvements organiques, tandis que l’effet produit sur les muscles de la vie animale est parfaitement connu de la conscience, par suite du sens musculaire qui fait que toute contraction de ces muscles est parfaitement consciente.

Les changements produits par voie réflexe psychique dans les appareils glandulaires ou les muscles à fibres lisses sont en général des phénomènes d’inhibition : ils ne sont pas localisés, et, pour peu que l’émotion soit forte, tous les tissus glandulaires et musculaires lisses reçoivent le contre-coup de l’émotion psychique. On peut même dire que toute excitation sensorielle, forte ou faible, parfois même très faible, se fait sentir dans l’innervation des glandes et des fibres lisses, établissant ainsi une sorte d’harmonie entre la vie psychique et la vie organique de l’individu. Les excitations sensorielles (c’est-à-dire les excitations lumineuses, auditives, olfactives, tactiles, qui, à l’état normal, sans cesse ébranlent les appareils nerveux psychiques) font que les centres nerveux psychiques sont dans une sorte de tonicité incessante qui est directement antagoniste de la tonicité médullaire. Il y a une sorte de circulus nerveux perpétuel qui va des appareils sensoriels aux centres nerveux psychiques, et qui a pour effet de ralentir et de diminuer les phénomènes nutritifs et la circulation des viscères.

Sur les muscles de la vie animale les émotions de l’âme agissent en provoquant un mouvement simple et localisé si l’émotion est faible, un mouvement de plusieurs muscles, si l’émotion est forte, et enfin, si l’émotion est plus forte encore, un mouvement d’ensemble, une réaction générale de tout l’organisme.

Ces phénomènes réflexes sont tantôt des mouvements, tantôt des inhibitions de mouvements. Ils sont toujours conscients, puisque d’une part l’émotion est consciente, et que d’autre part les contractions musculaires sont aussi conscientes.

Tous ces phénomènes réflexes sont involontaires ; mais, comme la volonté agit sur les muscles de la vie animale, il s’ensuit que ces mouvements, quoique réflexes et involontaires, peuvent être dans une certaine mesure modifiés par la volonté.

À cet égard toutes les transitions s’observent. Il y a des réflexes