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ANALYSES.vianna de lima. L’homme, etc.

second, il étudie l’homme et les singes fossiles ; dans le troisième, l’homme primitif actuel (sauvages et criminels). Je ne puis mieux faire pour en donner rapidement une idée que de citer le résumé anticipé qu’en fait l’auteur à la fin de son introduction.

« Dans les pages suivantes, dit-il, je me propose d’étudier d’abord les relations zoologiques de l’homme avec les anthropoïdes. L’anatomie comparée, la physiologie, l’embryologie, l’anatomie anormale fournissent abondamment les traits communs, les affinités étroites qui nous rattachent à ces êtres ambigus, et en font nos très proches voisins.

« J’aurai cependant ici bien moins souci d’énumérer toutes ces similitudes certaines que de relever justement les traits prétendus spéciaux à l’homme, voulant avant tout démontrer qu’au point de vue de la science il n’existe aucune semblable caractéristique différentielle absolue, et que là où il y a des dissemblances, ce sont purement des dissemblances familiales, différences plutôt morphologiques qu’organiques.

« Passant après cela aux faits de l’évolution paléontologique, j’aurai à résumer les précieuses découvertes de restes fossiles appartenant à d’antiques anthropomorphes et à quelques races humaines d’un type très inférieur. La description de l’homme primitif actuel, tel que nous le montrent encore certaines peuplades sauvages attardées (et quelques faits d’atavisme au sein des sociétés civilisées), servira finalement à nous donner une idée, bien atténuée il est vrai, de l’humanité à ses débuts, alors que, dégagée de l’animalité, elle entra dans cette voie d’évolution progressive qui, à travers la sauvagerie et la barbarie, devait la conduire graduellement à la civilisation naissante. »

Dans la seconde partie, le premier chapitre est consacré à la question de l’instinct et de l’intelligence. L’auteur se rattache à la théorie qui fait de l’instinct une habitude héréditaire. « Apprise grâce à un long exercice pendant la vie individuelle, organiquement fixée en quelque sorte, puis transmise à toute la suite de générations, elle devient ainsi une aptitude invétérée dans l’espèce et innée chez les individus qui ne se rendent plus bien compte, la plupart du temps, du pourquoi de leur action. » Suivant la même méthode que dans la première partie, l’auteur tâche de retrouver chez les animaux les facultés ou tout au moins le germe des facultés et des habitudes de l’homme, l’intelligence, les sentiments, la mémoire, la faculté de généraliser, le pouvoir de progresser et d’inventer dans une certaine mesure. Dans le second chapitre, l’auteur étudie les instincts sociaux et l’évolution de la morale. « La moralité, dit-il, a été considérée par quelques auteurs comme l’apanage exclusif de notre espèce. Il suffit cependant d’observer la conduite des animaux supérieurs et d’étudier, d’autre part, le développement graduel de la morale dans l’humanité, pour se convaincre que, sous ce rapport aussi, il y a transition graduée. La moralité qui chez beaucoup d’animaux se manifeste par des actes isolés, devient constante dans les espèces qui vivent réunies en sociétés complexes. » L’au-