Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXV, 1888.djvu/576

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
566
revue philosophique

rale du crime ou plutôt — et ici un critique appartenant à une autre école philosophique aurait facilement pu lui chercher une nouvelle querelle — sur la physiologie cérébrale du criminel tel qu’il a été étudié par la presque unanimité des auteurs, c’est-à-dire du criminel adulte.

La méthode adoptée par M. Drill me paraît suffisamment justifiable : elle consiste à mettre en regard les résultats plus ou moins certains des travaux des physiologistes sur le système nerveux et l’innervation, sur les centres cérébraux et la cérébration, avec une foule d’observations cliniques, médico-légales ou simplement psychologiques faites sur des dégénérés, des demi-aliénés, des criminels, et consignées dans les nombreux écrits des auteurs de tous les pays. Cette juxtaposition de la science abstraite et hypothétique (malgré son caractère franchement expérimental) et d’un empirisme quelquefois très superficiel, n’est pas sans présenter quelques inconvénients ; mais la méthode a cela de bon qu’elle repose l’esprit du lecteur ordinaire, qu’elle est très suggestive par elle-même et qu’elle peut produire des rencontres heureuses.

M. Drill — ai-je besoin de le dire ? — est un disciple convaincu de Lombroso et de la nouvelle école criminelle en Italie ; il loue surtout la manière scientifique de poser le problème de la criminalité, propre, dit-il, à cette école et qui rachète bien des côtés faibles de la doctrine et quelques erreurs involontaires. Le mécanisme intime de la vie psycho-physique, tel est le premier et le plus important sujet que notre auteur se propose, sinon d’étudier pour son propre compte, avec tous les développements nécessaires, du moins d’exposer rapidement et clairement au lecteur. Il y réussit fort bien, et ce n’est pas là un éloge banal, étant données la nature délicate des questions et l’obscurité profonde qui règne sur les points en litige qui sont encore les points essentiels.

Cinq chapitres forment, avec une courte introduction, le corps de l’ouvrage. Dans le premier, M. Drill traite de la corrélation hiérarchique qui existe entre les différents centres nerveux ou systèmes cérébro-psychiques, de leur développement normal ou anormal, et surtout de l’influence directe et prépondérante que tout groupement défectueux ou même simplement toute déviation du type moyen exercent sur l’ensemble de la vie mentale, sur le caractère, les aptitudes spéciales, les habitudes, la moralité, etc., soit d’individus isolés, soit de familles entières ou de groupes ethnologiques plus vastes. Dans le second chapitre, l’auteur aborde l’examen des phénomènes de la transmission nerveuse et procède à la description des troubles divers, auxquels sont exposés les appareils si complexes qui servent de voies de communication entre le monde extérieur et la fédération des systèmes cérébro-psychiques ou centres nerveux inférieurs et supérieurs, et entre ces centres eux-mêmes. En s’appuyant sur les travaux des physiologistes et des aliénistes les plus illustres, l’auteur nous fait toucher du doigt l’importance extraordinaire de ces chemins innombrables qui sont tantôt largement frayés et faciles à parcourir, tantôt presque impraticables ; il nous fait