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ANALYSES.b. perez. d. drill.

trois à sept ans » comme formant la seconde partie de la psychologie infantile.

Les rêves des sourds-muets mériteraient d’être étudiés. L’âge importe également. Chez Laura Bridgmann, sourde-muette et aveugle, les rêves (et ils paraissent fréquents) sont tous en sensations tactiles et motrices. De même, celui qui est né sans jambes, rêve qu’il marche sur les genoux. Un homme devenu aveugle vers cinq ans, et sourd-muet vers neuf ans, gagne sa vie en faisant des balais ; il rêve toujours en termes de mouvement et de sensations tactiles, jamais en termes visuels.

À cette question : Rêvez-vous ? » l’auteur a reçu 183 réponses, sur lesquelles le oui (sans qualification) représente 25,7 0/0, le non 1,1 ; rarement 43,2 ; souvent 22,4 ; chaque nuit 7,5. Il croit qu’en général les aveugles rêvent moins que les voyants et les femmes plus que les hommes.

Ceux qui ne sont pas aveugles de naissance ont une certaine tendance à donner aux personnes un certain visage vague, comme nous le faisons probablement pour les célèbres hommes que nous n’avons jamais vus. De plus, contrairement à l’opinion reçue, les sensations auditives l’emportent de beaucoup dans leurs rêves sur les sensations tactiles et motrices. Quant à ce sens un peu mystique de l’irradiation ou de la perception faciale, dont on a souvent parlé à propos des aveugles, l’auteur croit que nous le possédons tous, mais que nous ne l’avons pas cultivé comme eux. Il termine en mentionnant plusieurs rêves d’aveugles.

Th. R.

Dimitri Drill : Malolietnie prestoupniki (L’enfant criminel). Première partie : La psychologie du crime. Première moitié. Moscou, Mamontov, 1888, 255 p.. in-8o.

Voici, à ma connaissance, le second ouvrage que M. Drill publie sous ce titre général. Son premier travail fit, autant que je m’en souviens, quelque bruit dans les cercles universitaires russes ; il devint même l’occasion d’un conflit entre le ministère de l’instruction publique et la Faculté de Moscou, celle-ci proposant M. Drill pour une chaire vacante, et le ministère refusant son exequatur au jeune savant coupable de s’être déclaré trop fervent partisan des idées nouvelles en matière de criminalité.

Le titre général du volume que j’ai sous les yeux ne répond malheureusement pas d’une façon exacte à son contenu. Il est vrai qu’il y a un sous-titre qui pallie, sans l’atténuer complètement, ce grave défaut de composition, cette surprise toujours désagréable au lecteur et qui fait le plus grand tort à l’écrivain. Et pourquoi ne pas s’en tenir au titre exact, surtout si, comme dans le cas actuel, le sujet qu’il indique est traité d’une façon entendue, sérieuse, sur près de 300 pages de texte in-8o ? M. Drill nous donnera un jour ses idées sur l’enfant criminel ; en attendant, il a fait un livre excellent sur la psychologie géné-