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SOCIÉTÉ DE PSYCHOLOGIE PHYSIOLOGIQUE


RECHERCHES SUR LA MÉMOIRE DES SENSATIONS MUSCULAIRES

Par M. Beaunis
Professeur de physiologie à la Faculté de médecine de Nancy.

J’ai commencé, depuis quelque temps déjà, une série de recherches sur la mémoire des sensations. Quoique ces recherches ne soient encore qu’à leur début, je me suis décidé à en communiquer quelques fragments à la Société de psychologie physiologique parce qu’elles m’ont conduit à des résultats intéressants et qu’elles me paraissent jeter un certain jour sur les phénomènes de la mémoire.

Si j’ai choisi la mémoire comme sujet d’expérimentation, c’est que, voulant étudier l’activité mentale par les procédés et les méthodes usités en physiologie, j’avais plus de chances de réussir en choisissant, parmi les faits psychologiques, celui qui a le plus de points de contact avec les phénomènes physiologiques ordinaires ; la mémoire m’a paru du reste se prêter le mieux à l’expérimentation.

Dans cette étude de la mémoire, je me suis adressé aux phénomènes les plus simples, c’est-à-dire aux sensations brutes, et mon intention est d’étudier successivement à ce point de vue les sensations musculaires, les sensations tactiles, les sensations visuelles et, ce qui sera peut-être plus difficile, les sensations auditives. Quant aux sensations gustatives et olfactives, leur étude me paraît entourée de difficultés qu’il serait malaisé de surmonter. Du reste, le champ est bien assez vaste déjà en se limitant aux sensations que j’ai énumérées ci-dessus, les plus importantes d’ailleurs au point de vue psychologique.

M’occupant depuis quelque temps déjà de la physiologie des sensations musculaires, j’ai été naturellement conduit à étudier en premier lieu cette catégorie de sensations, quoique peut-être eut-il mieux valu commencer ces recherches sur la mémoire par les sensations tactiles ou visuelles. Quoi qu’il en soit, je ne m’occuperai dans cette première communication, que de la mémoire des sensations musculaires.

Ce qu’on appelle sensations musculaires est quelque chose de très complexe. Il fallait donc, avant tout, déterminer, si c’est possible, les différents éléments simples dont se composent ces sensations muscu-