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reproduit exactement les traits des principaux cultes que l’humanité continue de pratiquer en pleine lumière de la « science anthropologique ». Car le présent livre est lui aussi un manuel, non point un manuel destiné comme celui de M. Chantepie à figurer dans une collection théologique, mais dans une collection dite Bibliothèque anthropologique.

M. Vinson a réparti sa matière entre neuf chapitres. Le premier traite des peuples sans religion et des religions rudimentaires, le second et le troisième des religions de l’Inde ; puis viennent les religions de la Chine et du Japon, l’étude du parsisme et du manichéisme, du judaïsme, du mahométisme et du christianisme. Un dernier chapitre traite des sectes philosophiques et excentricités contemporaines. Cette division n’est pas la meilleure qu’on pût proposer. Nous ne voyons pas qu’il y eût lieu de traiter ici des peuples sans religion ou des religions des peuples sauvages à propos des « religions actuelles » ; on écarterait tout aussi volontiers le dernier chapitre, où les théophilanthropes coudoient les chrétiens français », où le piétisme et le salutisme anglais servent de transition à l’étude du mormonisme, des illuminés russes, des svédenborgiens, des spirites et des théosophes. Surviennent, assez inopinément, le saint-simonisme et le positivisme, puis un défilé des singularités du catholicisme contemporain. Si l’on sacrifiait enfin l’introduction, qui ne contient que des réflexions philosophiques présentées avec un certain désordre, il resterait le corps de l’ouvrage, c’est-à-dire les parties seules du livre qui répondent au titre et dont nous devions nous occuper.

Les grandes religions actuelles ou contemporaines sont au nombre de quatre : ce sont les religions de l’Inde et de la Chine, l’islamisme et le christianisme. Il est essentiel d’y joindre le judaïsme, dont la connaissance est nécessaire à l’intelligence du christianisme et de l’islamisme. Le parsisme, dont M. Vinson a cru devoir s’occuper également, est surtout intéressant au point de vue de l’histoire : son rôle présent est des plus secondaires.

M. Vinson aurait donc fait ouvre très utile en nous renseignant avec précision sur l’état présent des grandes religions contemporaines, en nous faisant connaître leurs croyances, leurs livres sacrés et les principaux traits de leur culte. On trouvera sans doute quelque chose de cela dans le présent volume ; mais, en même temps qu’on se verra insuffisamment renseigné sur des points d’importance, on estimera que la place donnée au passé et à un passé souvent fort reculé est excessive. Sans entrer dans une critique détaillée qui ne serait pas à sa place, il est permis de signaler des traces multiples de composition hâtive. L’information n’est pas précisément mauvaise, mais elle est incomplète. Parfois même on sourit de certaines plaisanteries, mais on sourit plutôt de l’auteur que de la plaisanterie. Ainsi M. Vinson nous explique à sa façon le nom des parents de Jésus : Joseph signifierait « le multiplicateur et Marie « la forte ». Vous voyez d’ici ce « multiplica-