Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXV, 1888.djvu/674

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
664
revue philosophique

gestion mentale dans le livre qu’ils viennent de faire paraître. Son véritable objet est l’étude de l’action qui, d’après eux, serait exercée à distance sur certains organismes sensibles par les substances toxiques et médicamenteuses. Il se divise en trois parties. La première est consacrée à l’exposé des faits ; dans la seconde les auteurs essayent de les expliquer ; ils en indiquent dans la troisième les applications thérapeutiques. Les faits rapportés par MM. Bourru et Burot sont déjà en très grande partie connus : ils ont été l’objet de la part des auteurs eux-mêmes d’une très longue communication faite à la Société de psychologie physiologique au mois de décembre 1885. Les premières expériences ont eu lieu sur un nommé V…, atteint de grande hystérie : au moment où MM. Bourru et Burot ont commencé à l’étudier, il sortait d’une série d’attaques qui l’avaient laissé hémiplégique avec une hémianesthésie sensitivo-sensorielle à droite. On eut l’idée d’essayer sur lui l’action des métaux : le fer et l’acier produisirent le transfert ; le zinc, le cuivre, le platine amenèrent des douleurs, du tremblement, de la dilatation vasculaire ; l’or et le mercure causaient de véritables brûlures. Les sels avaient la même action que leur métal. « Une éprouvette pleine d’hydrogène fut mise en contact avec la main, puis on dirigea un jet de ce gaz sur le bras et la nuque, il se produisit des mouvements rythmés du membre antérieur droit, un rire spasmodique, la physionomie prit une expression de satisfaction voluptueuse. » L’iodure de potassium enveloppé de papier et appliqué sur l’avant-bras provoqua des bâillements et des éternuements. L’opium placé sur la tête de V… l’endormit d’un sommeil si profond qu’un objet d’or put être impunément posé sur différentes parties de son corps. On a essayé avec le même dispositif l’action des divers alcaloides de l’opium : le sommeil a toujours été obtenu ; avec la thébaine et la narcotine on a observé des convulsions. D’autres expériences furent faites avec la caféine, la quinine, le chloral et la digitale. Un paquet de feuilles de jaborandi placé sous le matelas de V… a déterminé le sommeil : le malade a salivé abondamment. Des expériences du même ordre ont été faites par MM. Bourru et Burot sur une femme, Victorine M…, atteinte de grande hystérie : elle était analgésique à droite et hyperesthésiée à gauche. Chez ces deux sujets le contact d’une graine de noix vomique provoquait des contractures et une vive douleur. On a enveloppé de papier des feuilles et des fleurs de valériane et on les placées dans la main de V… ; il s’est endormi, puis il s’est levé, s’est mis à marcher en cercle, a reniflé, gratté la terre, trépigné, puis a repris son mouvement de manège. Chez Victorine M…, l’eau de laurier-cerise a produit une extase religieuse avec visions, suivie de convulsions thoraciques et diaphragmatiques. « Tantôt les essences, les éthers ont amené des hallucinations variées. » L’essence d’absinthe a produit une épilepsie spéciale. « Le valérianate d’ammoniaque en solution diluée arrête instantanément les attaques convulsives les plus violentes. Le camphre fait disparaître les contractures. » Tantôt les substances médicamenteuses ont été appliquées