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ANALYSES.Modern spiritualism.

posé dessus. Le médium retire constamment l’ardoise de dessous la table où il la tient pour regarder si les esprits n’y ont rien écrit. Il réussit ainsi à rendre les spectateurs anxieux et à les habituer aux mouvements de son bras : il parvient par des secousses successives à amener le crayon à portée de sa main et à le saisir. Grâce à quelques mouvements convulsifs, attribués à l’action de l’esprit, il retourne l’ardoise et lit la question. Il replace alors au milieu de nouveaux mouvements spasmodiques l’ardoise dans sa première position, il la tient entre ses genoux et écrit la réponse sans regarder l’ardoise. Les membres de la commission ont vu chacun de ses mouvements. À la dernière séance, ils remarquèrent deux ardoises qui étaient appuyées contre le pied de la petite table qui était placée derrière le médium, à sa portée. Mais Slade surprit dans leurs regards l’attention méfiante avec laquelle ils les surveillaient des yeux et il ne s’en servit pas. En sortant, un des commissaires s’arrangea pour heurter les ardoises du pied et les faire tomber : Slade fut troublé, les ramassa en toute hâte et les essuya précipitamment des deux côtés.

Malgré les nombreux avertissements que les membres de la commission firent insérer dans les journaux, ils n’ont vu que très peu de médiums répondre à leur appel ; la plupart se sont dérobés. Les médiums affirment qu’ils ne demandent qu’une chose, c’est qu’on examine de près les phénomènes qu’ils provoquent, mais l’expérience enseigne que dès que l’on veut les soumettre à un contrôle sérieux, les phénomènes cessent de se produire. Si l’on réussit à observer sans que le médium s’en aperçoive, on met la main sur des fraudes ; c’est ainsi que l’un des membres de la commission a pu voir dans un miroir de poche les mouvements des doigts du médium qui écrivait la réponse.

La commission se décida à confier à Mrs Patterson deux ardoises montées dans des cadres de bois, réunies l’une à l’autre par des vis et des charnières ; elles étaient entourées de deux rubans de fil placés en croix et cachetées de plusieurs cachets de cire. On avait placé à l’intérieur un morceau de crayon. Elles restèrent six mois en la possession du médium, sans qu’aucun résultat fût atteint. — On lui confia alors d’autres ardoises préparées de la même manière : au bout de quinze jours, il annonça que l’on n’entendait plus en secouant les ardoises le bruit du crayon qui ballottait à l’intérieur. On s’aperçut en examinant ces ardoises de près qu’on avait réussi à introduire une lame de couteau entre les deux cadres et à faire sortir le petit morceau de crayon qui avait laissé du reste des traces de son passage. Un détail fort intéressant c’est qu’un prestidigitateur habile a réussi à écrire et dans les langues les plus variées d’assez longues communications dans les conditions où se plaçait Slade ; les membres de la commission n’ont pu saisir aucun de ses mouvements et il a fallu qu’il montrât à l’un d’entre eux comment il s’y prenait.

La commission s’est aussi beaucoup occupé des coups frappés, au dire des médiums, par les esprits, mais elle n’a pu pousser assez loin