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Slade. Ils attribuent tous les phénomènes dont il les a rendus témoins, à la fraude, et, disent-ils, il n’y avait besoin pour la déceler que d’une observation attentive. Slade procédait de deux façons différentes suivant qu’il lui fallait ou non répondre à une question adressée à l’esprit. Dans le premier cas l’écriture est mal formée, à peine lisible, les phrases sont peu cohérentes et leur sens est parfois très vague ; dans le second, au contraire, le sens est très général, l’écriture est lisible, la ponctuation est exactement mise, les t sont barrés, il y a des points sur les i et enfin la communication est beaucoup plus longue. Les longs messages sont préparés par le médium avant la séance. Les messages courts qui répondent aux questions posées pendant la séance sont écrits sous la table, par le médium, grâce à l’habileté que lui a donnée la pratique. Voici le procédé employé par le médium pour substituer une ardoise préparée à celle qu’il a montrée aux assistants. L’ardoise sur laquelle on a écrit le message est déjà sur la table, lorsque la séance commence : la face sur laquelle on a écrit est naturellement tournée vers la table. Il y a d’autres ardoises sur une autre table à portée du médium. Les assistants mettent alors leurs mains sur la table, la paume tournée vers la table.

Le médium met sa main sur les leurs. Au bout de quelque temps, la présence d’un esprit se manifeste par des coups dans la table, ou des mouvements spasmodiques du médium. Le médium prend alors l’ardoise qui est sur la table, et tenant toujours sa main gauche sur les mains des assistants, il met un morceau de crayon sur la face supérieure de l’ardoise. Il met alors l’ardoise sous la table et la tient appliquée contre sa face inférieure : il la retire de temps en temps pour regarder si les esprits y ont écrit quelque chose. Lorsqu’il a attendu quelques minutes sans résultat, il prend sur la table qui est à côté de lui une autre ardoise, en essuie les deux côtés, la met sur la table, place sur elle le morceau de crayon et pose sur le tout la première ardoise, la face écrite tournée en dedans. Le médium tient alors les deux ardoises sous la table, ou bien il les appuie sur l’épaule de celui des assistants qui est assis à sa droite, et il imite avec l’ongle le bruit du crayon sur l’ardoise. Le tour est fait. Celui qui est assis à gauche du médium peut facilement voir les mouvements de ses doigts.

Telle était la méthode employée pour le premier des longs messages que l’on recevait dans une soirée. Pour ceux qui suivaient, Slade procédait ainsi : lorsqu’il supposait l’attention des assistants absorbée par une réponse que venaient de faire les esprits, il substituait adroitement à l’ardoise qu’il venait d’essuyer et qui était posée sur la table devant lui une des ardoises préparées qui étaient appuyées contre l’un des pieds de la table située derrière lui. L’écriture de tous ces messages ressemblait d’une manière frappante à celle du médium. Il faut plus d’habileté au médium pour répondre aux questions qui sont faites à l’esprit pendant la séance. La question est écrite sur une ardoise qu’on tend au médium, la face écrite tournée en bas, et un morceau de crayon