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ANALYSES.Modern spiritualism.

mission. Quelques mots d’abord des phénomènes que Zœllner affirmait avoir vus : c’est un écran de bois qui se brise sans que le médium le touche, ce sont des empreintes de mains et de pieds nus sur du papier couvert de noir de fumée, des nœuds produits dans des bandes de cuir ou des cordes scellées aux deux bouts, c’est surtout l’écriture spontanée. M. Wundt, auquel s’est tout d’abord adressé M. Fullerton, a assisté à deux ou trois séances qui ne l’ont pas convaincu. Les conditions d’observation étaient peu satisfaisantes : il fallait mettre ses mains sur la table et il était interdit de regarder dessous. Rien de ce que faisait Slade n’était impossible à expliquer par de simples tours de passe-passe. L’allemand écrit sur les ardoises était l’allemand même que Slade parlait. Il faut ajouter que Weber était très âgé, que Fechner avait un commencement de cataracte, que Zœllner commençait à être atteint de troubles psychiques assez graves. Le professeur Fechner répondit aux diverses questions qui lui furent posées par M. Fullerton, qu’il n’avait assisté qu’à deux séances, et que ce qu’il y avait vu ne permettait pas de se faire une opinion ferme, que pour lui Slade n’était pas un prestidigitateur, mais que, à vrai dire, c’était surtout parce qu’il se fiait au talent d’observateur de Zœllner, qu’il croyait à la réalité des faits : rien de ce qu’il a vu n’était impossible à expliquer par la prestidigitation ; la salle où se faisait les expériences était mal éclairée. Zœllner était atteint d’une maladie mentale, mais elle ne pouvait l’empêcher de bien observer ; les troubles dont il souffrait ne portaient que sur les émotions. Il conclut en adressant pour plus amples informations M. Fullerton à MM. Scheibner et Weber. M. Scheibner lui dit qu’aucun des phénomènes qu’il avait vus ne lui semblait inexplicable par la prestidigitation, mais que le grand nombre des phénomènes et la rapidité avec laquelle ils se succédaient lui avaient fait écarter cette explication ; il ajoutait qu’au reste il ne savait rien de la prestidigitation, qu’il n’avait été à toutes les séances qu’un spectateur purement passif, et qu’enfin il avait la vue très basse. Il n’avait jamais vu au reste faire aucun tour d’escamotage. Quant à Zœllner, c’était un homme très intelligent, mais très porté à ne voir dans les faits que ce qui confirmait ses propres théories. Il était très confiant (trustful and childlike) et très aisé à tromper ; il se serait reproché de douter de l’honnêteté de Slade. Il était atteint déjà d’une maladie mentale ; et il y avait d’autres cas de maladies cérébrales dans sa famille. Seul, le professeur Weber, qui était alors âgé actuellement de quatre-vingt-trois ans, confirma le récit de Zollner, mais il avoua qu’il ne savait rien de la prestidigitation, et son de témoignage est infirmé sur plusieurs points par ceux de Scheibner, Fechner et de Wundt[1].

M. Horace Howard Furness s’est livré à une autre enquête. Certains médiums ont pour spécialité de répondre à des questions enfermées

  1. M. Gibier (Spiritisme, p. 307) rejette le témoignage de Wundt, parce que « c’est celui d’un homme à qui l’expérimentation n’est pas familière ».