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stitue. Quand je parle d’esprit et d’action mentale, il va sans dire que je ne parle pas seulement de fait de conscience ; j’ai dit ailleurs que je considérais avec quelques psychologues contemporains tout fait de conscience comme l’effet d’un défaut de systématisation de l’esprit. La conscience en effet est le signe d’un esprit qui se constitue, mais si elle est produite par défaut de l’organisation, elle suppose naturellement un certain degré de l’organisation. La loi de systématisation est proprement l’expression abstraite de la vie de l’esprit.

Je n’ai fait jusqu’ici que la critique, mais cette critique peut, à mon avis, s’éclaircir et se fortifier par la conception générale de l’esprit et de ses lois que je crois devoir être substituée à la conception associationniste. J’ai fait appel surtout à la loi de systématisation, mais bien des objections peuvent s’élever : il faudrait préciser ce qu’est cette loi, comment elle s’applique ; à mon avis elle est loi primordiale de l’esprit, mais elle n’est pas la seule, il importe donc de préciser et de définir le mode de fonctionnement de l’esprit. C’est ce que je tâcherai de faire dans la suite de ce travail. Ce chapitre sur l’associationisme est surtout une préparation à l’exposé de la théorie qui me parait mieux représenter la réalité des choses. Il me semble bien, avant de l’exposer, de montrer pourquoi la théorie associationiste que j’ai acceptée autrefois me paraît maintenant insuffisante.

Fr. Paulhan.