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ANALYSES.witte. Das Wesen der Seele.

tionnements de détail importants. Le nombre des figures est dans la présente édition de 210, tandis qu’il n’était dans la précédente que de 180. Il y a progrès à la fois dans les résultats et, ce qui était à prévoir, dans la technique ; le laboratoire de W. s’est enrichi en effet d’un assez grand nombre d’instruments ou nouveaux ou plus précis que les anciens. Il n’est donc pas étonnant que de nouveaux laboratoires de psychologie expérimentale soient actuellement en Allemagne en voie de formation, et il est à espérer qu’il finira par s’en former aussi quelque jour en France, le jour où on y sera suffisamment au courant des recherches précédentes, dont l’intérêt ne saurait plus être contesté.

B.

Dr J. H. Witte. Das wesen der Seele und die Natur der geistigen Vorgaenge im Lichte der Philosophie seit Kant und ihrer grundlegenden Theorien, historisch-kritisch dargestellt. (L’essence de l’âme, etc.) Halle-Saale, Pfeffer, 1888. xvi-336 p.. in-8o.

Ce livre de M. Witte est une protestation contre la doctrine d’une psychologie sans âme, qui lui paraît erronée, absurde même, et dommageable pour la science allemande, dont elle menacerait de fausser la direction. L’auteur y fait une revue historique et critique, au point de vue des théories de Kant, de toutes les doctrines de l’âme, et il espère amener le lecteur à une connaissance exacte du problème qui concerne son essence et la nature des procès de l’esprit…

M. Witte commence par la critique du matérialisme, tel que le représentent Büchner, Moleschott, Vogt, et même les ultra-darwinistes, comme Haeckel. Le matérialiste nie l’âme ; il la donne pour un produit, un accident, ou une fonction du corps. Mais il ne prend pas garde que la connaissance de toute activité spirituelle hors de nous repose seulement sur une compréhension symbolique des phénomènes du corps, et il manque de réserve dès qu’il substitue ces phénomènes du corps, qui sont un pur symbole, à l’esprit, à ce que signifie le symbole.

M. Witte passe ensuite à l’examen du positivisme sceptique, représenté surtout par Wundt, et selon lequel l’âme est une chose devenue, mais non pas une substance. Il signale un vice logique dans le raisonnement de Wundt, et il maintient contre lui que la notion de nous-mêmes comme chose interne et persistante se développe sur un fond de perceptions aussi originales que celles qui créent les objets extérieurs et leurs substances. Il lui reproche encore de confondre sans cesse la nécessité logique avec la nécessité catégorique ; d’accepter la vieille fiction d’un sujet pensant, qu’il juge indispensable à toute doctrine d’une âme substantielle, tandis que nous sommes plutôt un objet qui apparaît à notre conscience ; et en un mot d’ignorer les méthodes de la théorie de la connaissance.

Puis, abordant l’exposé du kantianisme et du criticisme, il montre les situations diverses, par rapport à la doctrine de l’âme, des philo-