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LECHALAS.l’agrandissement des astres a l’horizon

distance des étincelles zénithales étant prise pour unité ; les moyennes relatives à chaque observateur ne sont, d’ailleurs, guère sorties des limites 0,75 et 0,85.

Une méthode analogue a été appliquée aux étoiles : à cet effet on considérait deux étoiles voisines près de l’horizon, puis on cherchait vers le zénith deux étoiles paraissant également distantes ; en comparant ensuite leurs distances angulaires réelles, on est arrivé à des résultats voisins de 0,8, comme avec la première méthode. Nous ajouterons que, dans les deux cas, les résultats ne sont pas influencés par la position du corps de l’observateur : les distances au zénith restent aussi petites quand, celui-ci étant couché, la tête conserve, par rapport au corps, la même position que dans l’observation à l’horizon. M. Stroobant a d’ailleurs complété ses observations en en faisant à des hauteurs variées au-dessus de l’horizon : nulle ou à peu près jusqu’à 15⁰, la réduction de grandeur apparente devient plus rapide à partir d’un angle de 45⁰ environ.

Ces observations, qu’il serait intéressant de voir refaire au laboratoire de M. Wundt, établissent que l’agrandissement des astres près de l’horizon est dû en partie à un phénomène d’ordre physiologique, que M. Stroobant constate sans l’expliquer, mais qui nous paraît pouvoir provenir d’une diminution dans la distance entre le cristallin et la rétine sous l’influence de la pesanteur, explication qu’on pourrait vérifier par l’estimation d’une grandeur placée au-dessous de l’observateur, de façon à provoquer un éloignement du cristallin. Comme l’agrandissement linéaire des astres approche, d’après M. Stroobant, du rapport de 2 à 1, ce qui était le chiffre admis par Malebranche, il reste à trouver autre chose, d’autant plus que M. Stroobant a constaté que si, au moyen d’un miroir à 45°, on projette au zénith l’image de la lune à l’horizon, elle paraît encore, malgré la diminution qu’elle éprouve, plus grande que quand on la voit directement dans une position élevée. M. Stroobant croit trouver l’explication de cette réduction complémentaire dans l’expérience suivante. Il dirige vers l’œil de l’observateur qui regarde la lune les rayons d’une lanterne sourde, de manière à faire contracter la pupille, et il obtient ainsi une réduction du diamètre apparent de 0, 7 environ, qui, combinée avec la réduction due à la position zénithale, donne une réduction totale de 0,8 × 0,7 ou de 0, 56, conforme à l’observation. Cette explication repose donc sur le faible éclat de la lune à l’horizon ; quant au soleil, qui y conserve généralement un éclat assez vif, il ne serait soumis à cette seconde cause d’agrandissement que dans les cas où sa lumière serait exceptionnellement éteinte, qui est bien conforme à l’observation, dit M. Stroobant. Dans son second mémoire, il constate qu’il a éprouvé plusieurs échecs en voulant reproduire l’expérience en question, mais il ajoute qu’il a réussi en substituant à la lune un cercle très peu lumineux, dans une chambre obscure ; à deux mètres de l’œil se trouvait une flamme dont l’éclat était celui d’une bougie et qui était cachée par un écran mobile : tous