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j. soury. — la psychologie physiologique des protozoaires

du protoplasma de ces organismes serait donc le siège de ces processus. Mais, chez les organismes possédant un noyau morphologiquement différencié, où ont lieu ces échanges ? dans le protoplasma du corps de la cellule ? dans le protoplasma nucléaire ? ou bien, à la fois, dans le protoplasma de la cellule et du noyau ? Que les échanges ne persistent pas après la perte du noyau, la mort rapide des mérozoïtes anucléés le prouve d’abondance. D’autre part, puisque seuls les mérozoïtes nucléés peuvent croître et se régénérer, la formation du protoplasma du corps de la cellule est bien sous l’influence du noyau. Le noyau est donc le siège, mais non le siège unique des processus d’échanges. Les fragments anucléés d’Infusoires consomment encore, en effet, de l’oxygène (ce qui implique des processus d’oxydation du corps cytoplasmique) et produisent de l’acide carbonique. Les deux protoplasmas de la cellule et du noyau participeraient donc aux processus d’échanges, ceux-ci n’étant centralisés ni dans l’un ni dans l’autre. Il nous semble pourtant que l’importance relative du protoplasma nucléaire ressort avec évidence des faits observés, puisque, sans lui, le protoplasma cellulaire ne peut être ni continuer d’être.

Toutefois, il n’existe encore chez les Protozoaires aucune trace de ces différenciations et localisations de fonctions qui caractérisent les Métazoaires, même les plus simples : « ils se comportent toujours, dit Maupas, comme de simples cellules, dans lesquelles toutes les parties sont homodynames. Ce n’est pas que je croie, ajoute ce savant, que le hiatus qui existe entre les Protozoaires et les Métazoaires ne puisse être comblé un jour ; tout au contraire, et je suis trop convaincu de l’enchaînement évolutif des êtres vivants pour ne pas admettre qu’on trouvera des formes à l’aide desquelles on franchira, sans lacune, l’intervalle qui sépare encore ces deux groupes primordiaux[1]. »

V

L’étude des mouvements « spontanés » ou provoqués, celle des réactions tropiques, celle enfin de la nature et du siège des processus psychiques chez les Protozoaires, nous a édifiés à la fois sur la variété et la simplicité des activités biologiques de ces organismes. Avant de résumer les faits et d’en chercher le sens, nous devons

  1. Maupas, Sur quelques protorganismes animaux et végétaux multinucléés (C. R. de l’Acad. des sciences, 1879, t.  LXXXIX, p. 250.