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Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXXI, 1891.djvu/534

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hypnotique est là, positif, indéniable, visible, sauf pour ceux qui ferment obstinément les yeux à la lumière ; c’est l’essentiel et ce sera l’éternel honneur de M. Liébeault d’avoir été un des premiers promoteurs de la méthode et d’en avoir le premier posé nettement les principes et les indications.

Après un court chapitre sur l’art d’endormir et de faire les suggestions, viennent les observations de malades qui occupent plus du tiers du volume. Un aperçu général sur la thérapeutique suggestive termine cette première partie.

La seconde partie du livre, beaucoup plus courte que la première, traite, dans trois chapitres très différents par le sujet et l’étendue, la médecine légale, le zoomagnétisme et la lucidité. Le chapitre de la médecine légale ne fait qu’effleurer la question ; je ne m’y arrêterai pas.

Le chapitre du zoomagnétisme présente plus d’intérêt. On entend par zoomagnétisme l’action d’un organisme sur un autre : soit au moyen d’irradiations vibratoires nerveuses partant d’un sujet actif et se dirigeant vers un sujet passif, d’après des lois analogues à celles du magnétisme, de l’électricité et de la chaleur ; soit au moyen d’émanations vivifiantes agissant de même et pouvant se fixer dans les liquides, puis opérer ensuite par ceux-ci dans l’intérieur des corps animés. Pour les magnétiseurs ces deux modes d’action ne sont que des aspects différents d’une seule et même chose : le fluide.

Tout ce que M. Liébeault a écrit dans les pages précédentes, ainsi que son livre : Du sommeil provoqué, est la négation du zoomagnétisme en ce sens qu’il attribue les phénomènes rapportés le plus souvent à cette cause à une autre influence : celle de l’action du moral sur le physique. Jusqu’en 1882 il considérait comme non avenues, après de nombreuses expériences de contrôle, les preuves données en faveur de l’existence de vibrations neuriques ou d’une émanation de substances fluidiques sortant du corps humain.

À cette époque, à la suite d’une conversation avec un magnétiseur qui lui affirma avoir obtenu des succès sur des enfants âgés de moins de deux ans et demi, il reprit ses expériences et chercha à vérifier si les enfants de moins de deux ans et demi, qu’il n’avait jamais pu mettre dans le sommeil provoqué, étaient, malgré cela, influencés par la magnétisation. À sa grande surprise, ses expériences confirmèrent les assertions du magnétiseur. Aussi, dans une brochure publiée en 1883, Étude sur le zoomagnétisme, il conclut qu’en outre des phénomènes produits par l’action du moral sur le physique, il y en a d’autres qui sont dus à l’existence d’une action nerveuse se transmettant d’homme à homme par vibrations, et dont le caractère essentiel, irréductible, sui generis, est un effet curatif, indéniable, et supérieur à l’effet des remèdes. Il en arrivait donc à se rapprocher de l’avis des Drs Charpignon et Durand de Gros qui admettaient, depuis un temps considérable, que dans la cause des phénomènes compris sous le nom de magnétisme animal, il y a deux facteurs, l’imagination et le fluide.