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Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXXI, 1891.djvu/647

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notes et discussions

« Thérapeutique. — Partie de la médecine qui a pour objet le traitement des maladies, c’est-à-dire qui donne des préceptes sur le choix et l’administration des moyens curatifs des maladies et sur la nature des médications. Dans un sens aussi étendu, c’est la thérapeutique générale. Les règles de traitement propres à chaque maladie en particulier constituent la thérapeutique spéciale. »

À parler net, la thérapeutique générale est celle qui formule les préceptes généraux de médication, c’est-à-dire ceux qui s’appliquent à toutes les formes spéciales de maladie, mais abstraction faite de chacune d’elles considérée en particulier ; tandis que le traitement propre à chacune de ces dernières est du ressort de la thérapeutique spéciale. Mais que le traitement porte sur tout l’ensemble de l’économie, ou seulement sur l’une de ses régions ou un de ses points les plus restreints, cette considération n’influe en aucune sorte sur la différenciation des deux thérapeutiques.

Quand vient ensuite le tour de la physiologie, nos savants lexicographes médicaux ont bien essayé de la distinguer en générale et spéciale d’après la règle posée par eux pour les autres sciences ; mais la nature du sujet prête à une méprise, facile à éviter toutefois, et nos auteurs sont tombés dans le piège. Deux routes s’offraient devant eux ; ils ont laissé la bonne et pris l’autre. Pour rester fidèles au principe et au plan de définition uniforme qu’ils avaient adopté quand il s’agissait de la chimie, de la pathologie et de la thérapeutique, ils eussent dû voir dans la physiologie générale la philosophie de la science des fonctions de la vie, c’est-à-dire des lois supérieures embrassant toutes ces diverses fonctions particulières, tandis que la physiologie spéciale eût eu pour objet ces fonctions particulières dans ce qui est propre à chacune d’elles et la différencie des autres. Mais la physiologie n’a pas à considérer seulement l’homme, les autres animaux, et les végétaux eux-mêmes, ont aussi leur physiologie. Il est vrai qu’ils ont aussi leur médecine, leur pathologie, leur thérapeutique propres ; mais nos savants positivistes n’ont eu égard à cette considération qu’en ce qui concerne la physiologie ; et ils sont partis de là pour décider que la physiologie générale c’est la physiologie dans ce qu’elle a de commun à l’universalité des êtres vivants, et que la physiologie spéciale est celle qui concerne les diverses espèces animales et végétales prises séparément.

Certes, il y avait là matière à une distinction très légitimé, très nécessaire, et nos lexicographes ont bien fait de la constater ; mais leur tort est de l’avoir mal rendue. C’est physiologie comparative qu’ils devaient dire, de même qu’ils avaient dit médecine comparative, pathologie comparative, thérapeutique comparative, pour exprimer des relations semblables. Admettons pour un instant qu’on n’entende par physiologie que la physiologie de l’homme, de même que lorsqu’on dit « la médecine » tout court, c’est de la médecine humaine qu’il s’agit ; la physiologie cessera-t-elle pour cela de se dédoubler en gêné-