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Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXXII, 1891.djvu/324

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Allemagne l’histoire de la philosophie d’une façon objective. Ed. Zeller, dont le grand travail indiquait encore des tendances hégéliennes, a recommandé cette nouvelle méthode dans l’Archiv, dont la plupart des rédacteurs se placent sur le terrain purement historique. M. Ludwig Stein qui dirige la publication de ce recueil international dont l’influence sera considérable, a rendu un véritable service à ceux qui s’occupent du stoïcisme, tant par les conclusions auxquelles il est arrivé que par la méthode qu’il a appliquée dans la seconde partie de son livre et qui donne une valeur nouvelle à ce qu’il a affirmé d’après les textes dans la première. Il lui appartient de faire pour la morale ce qu’il a fait pour la logique : cette œuvre nouvelle ne serait inférieure ni en intérêt, ni en profit à celles qu’il a déjà menées à bonne fin.

F. Picavet.

Luigi Credaro. Lo Scetticismo degli Accademici. Roma, 1889, 262 pages.

M. Credaro, aujourd’hui professeur à l’université de Padoue, a écrit sur Arcésilas et Carnéade une excellente monographie. M. Credaro a fait, si je ne me trompe, ses études en Allemagne et il a publié sur les cours de l’université de Leipzig et le séminaire psycho-physique de Wundt un article intéressant. Il a réclamé l’institution en Italie d’un séminaire pédagogique analogue à celui de Leipzig. C’est par une citation de Zeller qu’il se justifie d’avoir entrepris d’écrire sur les Académiciens. Aussi connaît-il tous les travaux qui ont été publiés en Allemagne sur ce sujet et sait-il se servir des textes, en historien qui a beaucoup pratiqué Ed. Zeller. Mais en même temps, il s’est tenu au courant de ce qui s’est fait en France, comme en Angleterre et en Italie : il a composé son livre avec soin et en a rendu la lecture aussi agréable qu’instructive.

Il est divisé en trois chapitres, le premier consacré aux sources, le second à l’histoire externe, le troisième à la doctrine fondamentale. Dans l’examen des sources, M. Credaro passe successivement en revue les Académiques, le de Finibus bonorum et malorum, les Tusculanes, le de Natura Deorum, le de Fato de Cicéron, puis les œuvres de Sextus Empiricus, de Diogène Laërce, de Numénius et de Plutarque. Moins sévère que les Allemands pour Cicéron, M. Credaro me semble cependant ne pas lui rendre suffisamment justice. Directement et dès sa jeunesse, comme je l’ai montré ailleurs, Cicéron a connu le stoïcisme, l’épicurisme, les dialogues de Platon, la philosophie de Carnéade et de Philon, l’éclectisme d’Antiochus ; il a lu certains écrits d’Aristote et des Péripatéticiens ; il a pu quelquefois se tromper, mais à mesure que l’on découvre des documents nouveaux, on est de plus en plus convaincu que ses erreurs sont beaucoup moins nombreuses qu’on ne l’a souvent prétendu. Avec infiniment de raison, M. Credaro montre combien