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Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXXII, 1891.djvu/54

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travaux, en partie pour suppléer aux besoins de son existence[1]. Voici le titre d’autres ouvrages, auxquels il attachait plus d’importance : Essai sur la science du beau (1825) ; Esquisses de philosophie théorique, résumé de la théorie de Schelling (1829) ; Tableau de l’homme (1834).

Vers 1830, quelques personnes, au nombre d’une dizaine, lui demandèrent de leur exposer chez lui le système de Schelling ; il y consentit, et la rétribution apporta quelque soulagement à sa situation. Pourtant, il était très gêné, et souvent il ressentit le besoin. Vers 1837, il fut rayé de son emploi à l’Université, et perdit ainsi son modeste traitement. Sa gêne était très grande, lorsque quelques-uns de ses anciens auditeurs, prenant en compassion son malheur, lui firent accorder en 1838 une place de traducteur de langues étrangères dans un ministère, puis de directeur dans un service d’intendance aux appointements de 5000 roubles. Dès lors, sa situation devenait prospère. Pourtant, disait-il à ses intimes, « voilà où je suis tombé, dans une société de souris et de rats, avec lesquels je dois faire la guerre pour préserver les papiers de l’État. Mais cela sera plus facile que de faire la guerre aux persécuteurs de la science et de la civilisation. » D’autres fois, son sort lui paraissait plus cruel. « Amer est le pain, quand on te le donne par pitié, tandis qu’on te le refuse là où tu y aurais droit. »

En 1838 ou 1839, la maison de campagne qui contenait sa bibliothèque et ses manuscrits fut la proie des flammes ; il perdait deux ouvrages terminés : Sur le droit universel et Philosophie de l’histoire de l’humanité. C’est ce dernier qui lui avait coûté le plus de peine. Ce nouveau malheur l’accabla, et eut sur sa conscience une influence funeste : il s’adonna à la boisson. « Les fils de ma pensée sont morts, disait-il un jour à Nikitenko ; ma vie a perdu son but. Il est temps aussi pour moi de mourir… » Le reste de son existence se passa misérablement, et en 1848, il fut enlevé par le choléra.

Sa philosophie. — Le mérite de Galitch, c’est d’avoir voulu établir en Russie la philosophie comme science, et répandre l’intelligence des questions philosophiques, qu’il considérait comme les plus importantes dans la vie. Tandis que les disciples de Wolf employaient la méthode scolastique, Galitch empruntait à Schelling la méthode synthétique de construction des principes de la nature et de la vie, comme il l’a essayé dans les Esquisses de philosophie théorique. Il eut aussi le dessein d’introduire l’étude de l’histoire de la

  1. Théorie de l’éloquence ; Logique, d’après Klein ; Dictionnaire des questions philosophiques, non terminé ; Synonymes russes, également non terminé.