Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome I, 1876.djvu/488

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
480
revue philosophique

l’ont fait, du reste, quelques logiciens[1], la majeure affirmative de Camestres et de Baroco, sauf à remplacer la mineure négative de ces deux modes par une affirmative indéfinie. On aurait ainsi appliqué aux quatre modes de la seconde figure un procédé uniforme, et l’on aurait obtenu, par ce procédé, quatre syllogismes de la première, irréprochables dans la forme, sinon dans le fond :

CAMESTRES-CELARENT CESARE-CELARENT
Nul non-B n’est A : Nul B n’est A :
or tout C est non-B : or tout C est B :
donc nul C n’est A. donc nul C n’est A.
BAROCO-FERIO FESTINO-FERIO
Nul non-B n’est A : Nul B n’est A :
or quelque C est non-B : or quelque C est B :
donc quelque C n’est pas A. donc quelque C n’est A.

Ces quatre syllogismes sont, en effet, aussi concluants que les syllogismes primitifs de la seconde figure : seulement, tandis que, dans ceux-ci, on fait, au sujet C, une application renversée de la loi « Tout A est B », ou « Nul A n’est B », on commence, dans les nouveaux, par renverser l’expression de cette loi, pour en faire ensuite, à ce même sujet, une application directe. Or une loi de la nature est toujours directe en elle-même, bien que notre esprit puisse en renverser l’application : A, dans la réalité, implique B, et c’est à nous de conclure, si l’occasion s’en présente, de la négation de B à la négation de A. Lors donc que, dans un syllogisme de la seconde figure, nous remplaçons la majeure directe « Tout A est B » par la majeure renversée « Nul non-B n’est A », nous substituons, à une loi réelle de la nature, la règle des conclusions négatives que nous pouvons en tirer ; et lorsque, raisonnant ensuite dans la première figure, nous subsumons, à cette nouvelle majeure, le petit terme C, nous traitons cette règle, qui n’existe que dans notre esprit, comme si elle existait en elle-même et déterminait objectivement la nature de C. En un mot, au lieu de faire d’une loi objective un usage subjectif, nous faisons d’une règle subjective un usage objectif, autorisé par la forme logique, mais métaphysiquement illégitime.

On ramène la troisième figure à la première, non dans tous ses modes, mais dans quatre sur six, par la conversion de la mineure : c’est-à-dire que l’on démontre un syllogisme en Darapti ou en Felapton, par un syllogisme en Darapti, et un syllogisme en Datisi ou en Ferison, par un syllogisme en Datisi. On réussit, à ce prix, à faire rentrer ces quatre modes dans la première figure : mais on n’y

  1. On trouvera leurs noms dans une note des Lectures on Logic de Hamilton, leç. xxii, t. I, p. 440.