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REVUE POUR LES FRANÇAIS

avancée n’effrayait personne. Bientôt arrivaient les ambassades des cités grecques, les invités de marque et leurs suites, puis les artistes, les hommes de lettres, les commerçants, en quête de commandes fructueuses ou d’affaires avantageuses et encore la théorie des « m’as-tu vu ? ». Une foire énorme s’installait sur les rives de l’Alphée mais hors de l’enceinte ou Altis : Olympie proprement dite conservait ainsi pendant les fêtes sa sereine beauté et sa majesté tranquille.

Au début, les Jeux ne duraient qu’un jour ; mais le nombre des concurrents augmentait sans cesse ; il arriva qu’en l’an 472 on ne put finir que fort avant dans la nuit et, dès lors, la durée réglementaire fut de cinq jours. Le premier jour se passait en cérémonies et en sacrifices ; de riches offrandes étaient présentées à tous les autels ; on procédait également au tirage au sort pour l’ordre des concours et les athlètes prêtaient serment devant la statue de Zeus. Le deuxième et le troisième jour avaient lieu les courses à pied (fond et vitesse), la lutte, le ceste, le pugilat, le pancrace ; les éphèbes concouraient d’abord et les adultes ensuite. Pour éviter la chaleur, on commençait dès l’aube. Bien avant le lever du soleil, le stade d’Olympie, long de 211 mètres, large de 32 et pouvant contenir 40.000 spectateurs, était rempli de monde. Sitôt que les premiers rayons de l’astre passant la cime des montagnes d’Arcadie éclairaient la plaine, des fanfares retentissaient et le cortège officiel, les juges vêtus de pourpre, les ambassadeurs, les invités prenaient place sur les gradins ; on procédait aussitôt à l’appel des concurrents. La première partie du quatrième jour était réservée au sport hippique ; c’était naturellement le plus élégant. Les riches affectaient de dédaigner un peu les autres concours, fiers que leur fortune leur permit d’amener des chevaux et des chars dont le transport était fort coûteux. De l’hippodrome on repassait au stade pour assister au Pentathlon (prix d’ensemble comprenant le saut, le jet du disque et du javelot, la course et la lutte) ; enfin avait lieu la course en armes qui clôturait les épreuves. Le cinquième jour, distribution des récompenses. Devant le temple de Zeus, sur une table d’or et d’ivoire étaient posés la branche d’olivier sauvage cueillie à l’arbre saint, planté jadis par Héraclès et le rameau de palmier, symbole de force et d’immortalité que recevait chaque athlète tandis que le héraut proclamait son nom et sa patrie. Ce désintéressement, on le sait, n’était qu’en façade. Le vainqueur, venu souvent aux frais de sa ville natale