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REVUE POUR LES FRANÇAIS

Si même une révolte arabe prenant la Mecque pour point d’appui arrivait à soulever la masse du monde musulman et à provoquer entre ses membres une cohésion morale parfaite, qu’en résulterait-il au point de vue matériel ? Une série de troubles peut-être, mais aucun péril universel.

L’Islam n’en demeure pas moins une force avec laquelle les États de l’Europe doivent compter. La France en particulier, a intérêt à l’étudier, à le mieux connaître et à s’en rapprocher. Il dépend de nous dans une large mesure que le « progrès islamisé » ne devienne pas synonyme de « progrès anti-européen » et que le danger dont on nous menace se transforme en bienfait par l’ouverture d’un monde nouveau à notre civilisation.


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L’AFFAIRE VÉNÉZUÉLIENNE



Où en est notre querelle avec la Vénézuela ? Il y aura bientôt deux tiers d’année que le chargé d’affaires de ce pays a été prié de sortir de France après l’insulte faite par le président Castro à notre représentant, M. Taigny. On se trouvait alors en pleine conférence d’Algésiras et l’opinion s’attendait à un ajournement de toute action française contre le Vénézuela. C’est là, du reste, ce qu’avait escompté l’étonnant Castro. Se croyant certain d’une guerre prochaine entre la France et l’Allemagne, il avait risqué le tout pour le tout et jeté sa fortune dans le plateau allemand. Avec une naïveté qu’on s’étonne de rencontrer chez un gredin de cette trempe mais qu’explique peut-être l’éloignement de l’Europe et l’insuffisance de ses informations diplomatiques, Castro s’était imaginé que le gouvernement impérial consentirait à lier partie avec lui. Il doit être aujourd’hui détrompé. Mais d’autre part il y a bel âge que les négociateurs d’Algésiras sont rentrés dans leurs foyers et le cabinet de Paris a eu tout le loisir d’examiner librement la question vénézuélienne. Qu’attend-il donc pour agir ? Sa faiblesse finira par donner raison à l’audace de l’aventurier qui le tient en échec.