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Page:Revue pour les français, T1, 1906.djvu/560

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REVUE POUR LES FRANÇAIS

gène par des avantages immédiats et à sa portée, puis de l’éduquer et de lui demander en retour le paiement d’un impôt dont la nécessité l’obligerait au travail. Méthode d’une application délicate ! Elle fut parfois au-dessus de l’expérience ou du caractère de nos jeunes administrateurs et donna lieu à des abus, voire à des crimes, encore présents à nos mémoires. Il faut savoir que la responsabilité en incombe aux personnes et non pas au système. Les instructions du commissaire général, M. Gentil, stipulent expressément que l’impôt indigène — fixé à 3 francs par an et par case habitée — doit être volontaire ; que la mission des administrateurs chargés de le percevoir est purement persuasive et pacifique : qu’ils doivent agir par l’intermédiaire des chefs de villages auxquels ils abandonnent 6 % de leurs recettes et n’exercer jamais la moindre répression pour cause de non paiement. Malgré les difficultés de cette procédure l’impôt indigène a produit 90.000 francs en 1902, 284.000 francs en 1903, 507.790 francs en 1904 : on escompte qu’il doit quadrupler. Les populations s’en acquittent de plus en plus volontiers en raison de la protection effective que la France leur accorde contre les traitants au service des compagnies concessionnaires. Elles s’accoutument peu à peu au travail et s’« associent » à l’œuvre coloniale. Quant à la corvée du portage, contre laquelle s’élèvent nos philanthropes en pantoufles, on s’efforce de l’adoucir mais elle demeure indispensable, ainsi qu’en tout pays où les voies de communication et les bêtes de somme font également défaut.

Les richesses naturelles du Congo sont variées à l’infini. Ses forêts, d’une beauté proverbiale, renferment quantité d’essences précieuses ; sa faune est riche et ses cours d’eau très poissonneux ; son sol se prête à toutes les cultures ; son sous-sol même contient de nombreux minerais.

Parmi ses productions actuelles le caoutchouc représente 40 %, l’ivoire 35 %, les bois d’ébénisterie 15 %, auxquels s’ajoutent en quantités moindres les huiles et amandes de palme, le café, le cacao, etc… Son commerce a atteint 21 millions en 1904, en augmentation de trois millions sur l’année précédente. Si nous voulons nous en donner la peine et mettre à la disposition du gouvernement du Congo les sommes indispensables qu’il réclame, la colonie saura bientôt se suffire à elle-même et nous payer de retour.