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Page:Revue pour les français, T2, 1907.djvu/121

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CE QUI SE PASSE DANS LE MONDE

dances du parti de l’indépendance hongroise vers une séparation de fait. Ces questions intéressent l’avenir de toute l’Europe. Nous devons leur consacrer notre plus sérieuse attention.

Manifestation maladroite.

En voulant mettre un éteignoir à la Ville Lumière, les ouvriers électriciens ont cédé à un mouvement regrettable. Nous ne discutons pas ici la justesse de leurs revendications. Ils peuvent avoir raison en équité. En fait, ils ont eu tort. Le droit de grève est parfaitement respectable lorsqu’on en fait usage après avoir épuisé tous les moyens de conciliation ; il ne l’est plus du tout lorsqu’on prétend l’utiliser à titre préventif. Avant d’en venir aux coups il est sage de chercher à s’entendre. Mais les gréviculteurs ne l’entendent pas ainsi. Pourquoi faut-il que ceux-là même qui préconisent sans cesse la paix entre nations s’acharnent à favoriser la discorde entre individus ? c’est illogique et maladroit.

Au pays boer.

Il est difficile de ne pas sentir une admiration étonnée en présence de ce qui se passe au Transvaal. L’énorme drame est encore tout proche : un simple coup d’œil sur les dernières années écoulées en fait surgir les héros et rappelle l’émotion passionnée et souvent injuste avec laquelle l’Europe voyait aux prises le petit peuple boer et le gigantesque empire britannique. À peine a-t-on eu le temps, semble-t-il, de sceller les tombes, de rebâtir les demeures incendiées et d’ensemencer à nouveau le sol piétiné, voilà pourtant que la promesse dont l’échéance semblait lointaine est accomplie, que le Transvaal reçoit le don d’une très large autonomie et qu’à la tête du premier cabinet transvaalien le général Botha, devenu premier ministre, prête serment au roi Édouard vii.

Qu’ils sont loin les jours de lord North, le temps où l’Angleterre obstinée dans l’incompréhension de ses intérêts directs et dans l’orgueil de sa tyrannie refusait à ses colonies d’Amérique les moindres satisfactions humblement réclamées par celles-ci. Certes depuis que, vers 1840, les méthodes coloniales ont radicalement changé, depuis qu’a été inauguré ce régime de vrai libéralisme producteur de tant de puissance matérielle et morale, l’Angleterre a plus d’une fois étonné le monde par des gestes