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REVUE POUR LES FRANÇAIS

teur. Faute de wagons, les intéressés ne pouvaient savoir quand s’effectueraient leurs expéditions…, etc. ». Résultat : le commerce français a subi un préjudice énorme. Il a raison de crier très haut sa plainte.

Sans nourrir le moindre parti-pris à l’égard des grandes compagnies, il faut bien dire que leur responsabilité nous apparaît ici considérable. Leurs commandes de matériel ont été insuffisantes, effectuées seulement en présence de nécessités urgentes, par à-coups, sans régularité. Telle année, on n’acheta rien ; telle autre, des milliers de wagons. Ces procédés sont gros d’inconvénients : en attendantla menace d’une crise pour multiplier leurs commandes, les compagnies ne réussisent pas à s’en mettre à l’abri puisque la construction du matériel exige un long délai à l’expiration duquel la crise a déjà produit ses fâcheux effets ; l’industrie souffre plus encore : privée de travail en certaines périodes, elle se trouve surmenée en d’autres à tel point qu’elle n’y peut suffire et doit passer à l’étranger des ordres qu’elle eût pu exécuter s’ils lui avaient été transmis régulièrement.

Cette situation est une cause de perturbation économique infiniment préjudiciable au développement du commerce français. Ceux-là qui l’ont favorisée ou tolérée ont accumulé sur leur tête d’immenses responsabilités et contracté de graves obligations envers la France. Ils nous doivent une réparation.

Au Maroc.

Les Allemands continuent de nous donner, au Maroc, une belle leçon de pénétration pacifique. Ils agissent avec une méthode et une force admirables. Nous avons appris récemment la formation d’un Syndicat du Maroc soutenu par les établissements financiers les plus puissants de l’Allemagne. Il saura sacrifier beaucoup immédiatement pour récolter plus tard. Tous les Allemands qui, à un titre quelconque, se rendront au Maroc, y trouveront un appui solide.

En comparaison, que faisons-nous ? Notre Comité du Maroc apparaît comme un merveilleux instrument d’action. Sa propagande est active, zélée, animée de patriotisme. Ses membres sont dévoués, convaincus, bien documentés. Malgré tout, ses moyens sont restreints : il n’a pas de grandes banques derrière lui ; tout son avoir vient des cotisations de ses adhérents. De la part du gouvernement, il n’est l’objet d’aucune sollicitude.