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CE QUI SE PASSE DANS LE MONDE

gagné du tout sinon un peu plus de vieillure qu’elle n’en avait alors. Cette puissance c’est le Maroc. Il y a un an, elle se rengorgeait aux côtés de son impérial protecteur ; Abdul-Azis et son Mahkzen se prenaient pour d’habiles diplomates et se flattaient d’avoir opposé les uns aux autres les nations européennes : ils escomptaient la longue durée de la querelle soulevée à leur endroit et par conséquent pour eux-mêmes une belle période de sécurité et d’immobilité. Ces illusions se sont évanouies. Le Maroc avait fait un faux calcul ; il en est toujours au même point et n’échappera pas à son sort. Les réformes sont toujours là qui attendent ; elles étaient présentées par la France ; elles le sont maintenant par la France et l’Espagne avec mandat de l’Europe ; si demain l’Allemagne intervenait à nouveau, ce serait finalement pour en imposer à son tour d’à peu près semblables. Toutes les palinodies du monde n’arrêteront pas la marche en avant de la civilisation.

Le Conflit des Lords et des Communes.

Après avoir si joliment piétiné les usages internationaux et froissé les convenances les plus élémentaires, Sir Henry Campbell Bannerman a proclamé en termes étonnants la déchéance de la Chambre des Lords. Gladstone l’avait déjà fait il y a quelque vingt ans. Il est mort et les Lords sont toujours là. Encore doit-on cette justice au Grand old man qu’il y avait mis des formes comme il le faisait en toutes choses, sans parler de son talent oratoire propre à rehausser n’importe qu’elle proposition. Sir Henry Campbell Bannerman n’ayant point de talent a pensé qu’il pouvait se passer aussi des formes. Sa colère a éclaté à la suite du vote en troisième lecture et de l’adoption par 105 voix contre 28 d’un « Education bill » qui n’est plus du tout que celui la Chambre des Communes avait adopté et qu’elle avait chargé le cabinet libéral de faire adopter tel quel par la Chambre des Lords ; celle-ci a transformé le projet au moyen d’un certain nombre d’amendements qui, prétend on, en ont complètement faussé l’esprit. Mon Dieu ! ces choses-là se voient et même dans des républiques très républicaines. On a vu le Sénat français ramanier de fond en comble des lois votées au préalable par les députés ; les sénateurs se sont même, il y a onze ans, offert le luxe de renverser le ministère Bourgeois que soutenait, au Palais Bourbon, une majorité compacte et certains croient qu’ils pensent sérieusement à en agir de même avec le