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LES CIVILISATIONS AUTOCHTHONES

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çonnaient les métaux malléables : ils possédaient des marchés d’échange, des administrateurs de profession, un calendrier régu lier, des temples et des prêtres. Leur pueblo de Mexico, avec ses vastes bâtiments blanchis à la chaux qui logeaient un clan tout en tier, se dressait au milieu d’un lac artificiel, agrandi par des tra vaux ingénieux. Néanmoins, leur empire n’avait guère qu’un siè cle de date au moment de sa chute et n’étendait pas fort loin son influence, qui fut exagérée par les chroniques de la conquête. Ils étaient grandement dépassés par la civilisation des Incas qui comptait environ cinq cents ans de date, lors de l’arrivée des blancs et dont le vaste domaine s’étendait sur les territoires ac tuels du Pérou, de la Bolivie, et de l’Equateur. — Clan monta gnard énergique, les Incas, descendus des Andes sous la conduite du mythique Manco Capac, soumirent un pays habité par des tri bus sédentairees, organisés par clans, adroites à canaliser les eaux et à cultiver le sol, mais devenues par leurs dissensions intesti nes incapables de toute cohésion défensive.

Parmi les Incas, le clan des Capac fournissait les souverains de même que la race des Mérowigs avait ce privilège chez les Francs, celle des Amales chez les Goths. Leurs méthodes administratives furent très habilement conçues ; entre des tributaires infiniment supérieurs en nombre à leurs vainqueurs, ils surent empêcher toute tentative d’union en vue d’une révolte générale. Ils appli quaient la méthode contemporaine du « protectorat », laissant aux vaincus des chefs de leur sang, choisis suivant les coutumes de leurs tribus et surveillés seulement par un résident de race Incas. Ils usaient largement aussi de la maxime : « Il faut diviser pour régner », partageaient l’autorité entre plusieurs chefs indigènes, pourvus d’attributions presque égales et transplantaient souvent une partie des habitants d’un district agricole dans des cantons fort éloignés de leur pays natal. Ils coupaient ainsi dans leurs ra cines les ententes ou coalitions qui auraient pu se former entre voisins de longue date, réconciliés par une commune oppression. L’organe principal de cette administration habile et sans scru pules était le « tucricuc », résident incas près d’un groupe de tri bus soumises. Son autorité s’appuyait sur une solide garnison et ses fonctions consistaient à assurer le prélèvement des impôts en nature qu’on centralisait dans la capitale, Cuzco, — métropole de la domination des Incas. Les tucricucs ne se rendaient qu’une fois l’an à Cuzco, à l’occasion de certaines fêtes religieuses ; mais un