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REVUE POUR LES FRANÇAIS

grand Sage », son Dieu ; d’avestisme, religion de l’Avesta, son livre sacré ; de magismev, religion des mages, ses grands prêtres ; et de zoroastrisme, religion de Zoroastre, son prophète et son fondateur.

Tout le monde connaît Zoroastre, de son vrai nom Zarathoustra. Sans posséder à son propos de documentation considérable, nous savons qu’il est né en Médie au viie siècle avant notre ère, que sa vie fut mouvementée, errante, que la propagation de sa doctrine lui attira de dramatiques tribulations, qu’elle s’épanouit enfin dans un triomphe par la conversion éclatante du roi Hystaspe. Zarathoustra mourut alors, vers 580, mais il avait fait œuvre et laissait un livre immortel : l’Avesta, la bible des parsis. Cela est de l’histoire. Nous laissons de côté les légendes qui confondent Zoroastre avec Abraham et les fantaisistes récits — dont Pline l’Ancien s’est fait l’écho — qui ont placé sa vie « 6000 ans avant celle de Platon » et qui l’encombrent d’événements surnaturels. Il s’est toujours trouvé, en toute religion, des fidèles pour enluminer les figures de ceux qu’ils nomment leurs saints ou leurs prophètes !

L’Avesta primitive était une œuvre colossale, une encyclopédie. Elle ne nous est pas parvenue dans sa forme première. Telle que nous la possédons — le savant philologue Darmesteter nous l’assure — elle est seulement à l’Avesta du temps passé ce que sont à la Bible les extraits qu’on en trouve dans le paroissien romain. Le reste a péri sous les décombres de Persépolis mis à sac par Alexandre le Grand — désastre irréparable ! La fumée de cet incendie semble envelopper encore d’une ombre épaisse toute l’antiquité orientale…

L’Avesta et ses commentaires sacrés furent jusqu’à nos jours inconnus des Européens. Le voyageur français Chardin qui s’en fut à la cour de Perse au xviie siècle nous parle bien, dans sa relation de voyage, des sectateurs de Zoroastre, mais seulement pour nous en décrire quelques cérémonies bizarres, quelques coutumes particulières. Le premier, Anquetil-Duperron rapporta des Indes les manuscrits fameux déposés vers 1760 à la Bibliothèque royale : ils demeurèrent indéchiffrables jusqu’au jour où Eugène Burnouf en 1840, eût achevé la reconstitution de leur langue qui est celle de l’ancienne Médie : le zend, proche parent du sanscrit.

Connaissant à présent l’Avesta et toute la littérature religieuse qui y prit sa source — en zend, en vieux-perse, en pehlvi et en