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LE PARSISME

persan moderne — nous avons une notion très nette sinon très complète de la morale, du culte et de l’histoire du mazdéisme.

La religion mazdéenne repose entière sur la lutte du Bien et du Mal. Elle est apparentée par ce dualisme avec les vieilles croyances indiennes des Védas et des Brahmanas suivant lesquelles l’homme doit ensemble prier des milliers de dieux bons et apaiser autant de dieux mauvais. En s’inspirant de ces croyances, Zoroastre les a purifiées : sa religion est essentiellement monothéiste ; les dieux anciens, bons et mauvais, sont devenus des démons ou des anges, inférieurs à la divinité ; leurs luttes se perpétuent sous l’impulsion d’un Dieu unique, pour sa gloire et pour son triomphe.

Ahura Mazda ou Ormuzd « le Seigneur Grand Sage » est ce Dieu. Son pouvoir est immense, éternel, mais il est contrarié par l’action d’Ahriman « le Malin Esprit ». Ahriman lutte à armes égales contre Dieu, mais son pouvoir est périssable : pour l’anéantir Ormuzd a créé le monde, en a fait un rempart entre le ciel et l’enfer, un vaste champ de bataille où la victoire finale doit lui appartenir trois mille ans après Zoroastre. En attendant, Ormuzd et Ahriman se disputent la nature et les hommes : à toute bonne création du premier s’oppose immédiatement une création mauvaise du second. Tous deux sont aidés par une foule de lieutenants, énumérés dans les saints livres, qui se multiplient sans arrêt. Toute la religion, toute la morale qui en découle a pour point de départ ce combat.

Sur le champ de bataille de la création, l’homme lui-même est un combattant. L’homme bon doit lutter pour le Bien contre le Mal. Il fut longtemps désemparé, troublé, jusqu’au moment où Dieu dicta ses instructions à Zoroastre, telles que nous les trouvons dans l’Avesta.

La morale avestique est peu portée à l’idéal et s’en tient le plus souvent aux conceptions utilitaires. Tous les actes « qui rendent la terre plus heureuse » sont agréables à Dieu et utiles pour le bon combat. La famille et la propriété sont à la base de tous les biens : construire une maison, cultiver un champ, semer du blé, élever du bétail, planter un arbre fruitier sont d’excellentes actions. Les parsis poussant à un tel degré cet amour de la terre, ce désir de la féconder, on a pu dire qu’ils ont élevé l’agriculture à la