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REVUE POUR LES FRANÇAIS

existence est un enfer. Nous en avons trouvé, enfermés depuis des mois, la boucle au pied, dans une cellule obscure, étroite et basse, où ils ne peuvent pas davantage s’allonger complètement que se tenir debout. La plupart y deviennent fous, quand ils n’y meurent pas. Mais ce sont des incorrigibles, des fauves : leur sort nous fait pitié sans doute, mais il ne nous attendrit pas.

D’autre part, M. Pozzi-Escot proclame avec raison la faillite de la science pénitentiaire. Nous l’avons constatée comme lui. Les expériences de régénération par le bagne ont piteusement échoué. Elles se sont effectuées, d’ailleurs, au détriment de la colonie et des colons qui semblent, en la circonstance, bien plus dignes de sollicitude que les bandits qu’on les oblige à hospitaliser.

Agitation Samienne.

L’île de Samos — surtout connue chez nous pour son délicieux vin sucré — est agitée par une révolution parlementaire. Le parlement samien, composé, s’il vous plaît, de deux chambres qui comportent respectivement vingt-six députés et trois sénateurs, s’est insurgé contre son prince, un certain Bithynos, l’a déposé sans plus de façons, et en réclame un autre. Obtiendra-t-il satisfaction ? C’est peu probable. La Turquie, suzeraine de Samos, et les grandes puissances protectrices de son autonomie, énervées de l’agitation politique qui gagne de proche en proche les îles de l’Archipel, semblent peu disposées à écouter les doléances des députés Samiens.

Pauvres Samiens ! Quel vent de folie souffle sur eux ! Que ne se contentent-ils d’habiter un charmant pays, au climat si parfait que les anciens prétendaient qu’y respirer dispensait de se nourrir ! Ils veulent jouer à la grande nation, se divisent en partis politiques et se laissent mener par une poignée de politiciens qui les exploitent et les ridiculisent. Ils sauront bientôt ce qu’il en coûte. Jusqu’à présent l’île de Samos fut très prospère : elle n’a pas un sou de dettes, et ses recettes balancent ses dépenses. Vous verrez dans quelques années…