Page:Revue rétrospective, cinquième semestre, 1887.djvu/283

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On a vu, dans les tranchées,
des soldats, de froid périr ;
ils préféreraient mourir
d’une mort plus recherchée,
vis-à-vis de l’ennemi,
en défendant le pays !

Et nos pauvres ménagères
attendent, en pataugeant,
souvent trois heures durant,
pour obtenir, d’ordinaire,
un pot au feu de cheval,
ce brave et noble animal,

C’est en pleurant qu’on le mange
et l’on en a pas toujours ;
il arrive bien des jours
que, par force, l’on s’arrange
d’un plat qui n’est pas très-gros
de riz cuit avec de l’eau.

Il est des êtres rapaces ;
j’en rougis, mais des marchands
exploitent les pauvres gens.
Jugez où va leur audace :
ils vendent un mauvais chou
jusqu’à des six francs dix sous.

On se nourrit d’épluchures,
de chats, de chiens et de rats ;
on vend des choses, au tas,
que l’on jetait aux ordures,
mais on s’en repaît, enfin,
pour ne pas mourir de faim.