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Page:Revue rétrospective, cinquième semestre, 1887.djvu/282

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Nous n’avons de leurs nouvelles
qu’au moyen de nos pigeons,
mais des Prussiens les faucons
les chassent à tire d’ailes :
sur dix il en revient deux ;
on le voit, c’est très-chanceux.

L’aspect de toutes nos rues
est lugubre, car, hélas !
on a supprimé le gaz,
même avant une heure indue,
et les magasins, le soir,
font vraiment du mal à voir.

D’ailleurs, toutes les boutiques
n’ont plus rien d’étalagé,
à part chez le boulanger.
C’est en vain que les pratiques
chercheraient quoi que ce soit ;
on n’a plus même de bois.

Car, dans cet horrible siège,
on est bien privé de tout,
mais de chauffage, surtout,
et, sur nos toits blancs de neige,
l’hiver en signe de deuil,
vient étendre son linceul.

Un jour, une pauvre mère,
privée de bois, de charbon,
attend la distribution
une journée tout entière :
dans ses bras, cruel effroi,
son enfant est mort de froid.