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Rades abritées anglaises.


Étendue d’eau en basse mer de vive eau.
Rade de Sunderland
  40 hect. 5
Rade de Colombo (Ceylan)
267
Rade de Douvres. Port de commerce
30, 3
Rade dDouvres. Port de guerre
247
Rade de Portland
930
Rade de Perserhead
102


Pour donner une notion graphique des dimensions du port du Havre en rapport avec les établissements ci-dessus décrits, nous avons dressé une carte schématique de ces différents ports réduits à une même échelle (fig. 85).


VI. — PROJETS DIVERS D’AGRANDISSEMENT DU HAVRE ET DE L’AMÉNAGEMENT DE L’ESTUAIRE ET DE LA SEINE.

En présence de pareils exemples, laisserons-nous notre port du Havre péricliter, notre rade de la Seine inutilisée ?

Il est juste de reconnaître que les difficultés sont pour nous beaucoup plus grandes que pour nos rivaux ; les courants marins, l’envahissement des sables, l’instabilité du sol ont jusqu’ici opposé un obstacle insurmontable à l’établissement du vaste port de la Basse-Seine.

Cependant, ces difficultés mêmes ont fait naître une foule de projets qu’il est intéressant de parcourir, non pas pour recommander l’adoption de l’un d’entre eux, mais pour démontrer que de tout temps l’insuffisance du Havre a été proclamée, qu’à diverses époques des tentatives hardies ont été faites pour y remédier, et qu’aucune solution ne doit être écartée a priori, comme utopiste ou irréalisable.

Gabriel Fermé[1].

(À suivre.)


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VARIÉTÉS

Le linceul de Turin.


Lettre à M. Charles Richet


Mon cher directeur,

Lorsque je suis allé vous voir, il y a de cela plusieurs mois, dans votre laboratoire, pour vous présenter M. Vignon et les curieux documents relatifs au linceul de Turin dont nous faisions l’étude, aviez-vous le pressentiment des querelles passionnées que soulèverait dans la presse cette question que nous discutions si froidement, comme nous eussions fait d’un problème quelconque de physiologie ? Non, n’est-ce pas ! Et plus tard, lorsque M. Vignon, avec l’aide de M. Colson, eut trouvé l’explication scientifique de la formation de l’image sur le linceul, vous souvient-il de la joie profonde que nous avons éprouvée à posséder enfin le mot de l’énigme ? Pendant des semaines et des mois l’esprit était resté obsédé par cette contradiction déconcertante entre un fait matériel qui s’impose et l’apparente impossibilité de lui trouver une explication naturelle, donnant beau jeu à ceux qui acceptent les miracles, dont mes opinions philosophiques ne veulent à aucun prix. Et, tout d’un coup, voilà l’explication naturelle qui surgit, lumineuse dans sa simplicité, chassant le miracle. Naïvement, nous avions pensé que c’étaient les croyants, ceux du moins dont une religion trop étroite avait asservi l’esprit, qui nous en auraient su mauvais gré. Cela d’ailleurs n’était pas pour nous faire reculer. Je n’y avais, moi, aucun mérite, n’ayant aucune croyance religieuse ; mais il n’en était pas de même pour M. Vignon, qui est un croyant. Et cela est tout à l’honneur de son caractère et de son intelligence qu’il n’ait pas reculé plus que moi ; et laissez-moi ajouter que cela est aussi tout à l’honneur de mon laboratoire, que des hommes d’opinions les plus diverses, les plus opposées, aient pu s’y occuper d’un même sujet touchant de près à leurs opinions philosophiques les plus chères, le discuter avec ardeur, sans que la cordialité de leurs relations en ait été un instant altérée ; et qu’ils soient arrivés à une même conclusion, qu’ils ont proclamée parce qu’ils la croyaient vraie, sans se laisser influencer par les conséquences qu’elle pourrait avoir. Oui, c’est un spectacle dont on a le droit d’être fier, surtout quand on le compare à celui que nous présente une certaine presse, où des gens qui n’ont pas accordé douze heures de réflexion au problème, qui n’ont que peu ou point vu ou compris les documents, qui montrent par leurs objections qu’ils n’ont rien compris à la plupart de nos arguments, se lancent à la tête (et nous lancent) des bordées d’injures.

Vous pensez bien que ces injures me laissent parfaitement froid ; le temps m’est chose trop précieuse pour que je le gaspille à répondre à tout cela. Mais il est une autre catégorie de personnes, dont l’opinion m’est moins indifférente et qui, de bonne foi, ont pu croire, tant on a défiguré les faits, tout ou partie de ce qu’ont raconté quelques journaux, savoir : que, par inconscience ou défaut de scrupule, j’avais trahi la science et menti à mes opinions de libre-penseur. Pour elles, je tiens à rétablir les faits et je vous demande pour cela l’hospitalité de votre journal.

Je n’aurais pas eu besoin de le faire si le Bureau de l’Académie avait accepté de publier les explications que

  1. Résumé de la conférence de M. Gabriel Fermé, président de la Chambre des négociants-commissionnaires et du commerce extérieur, à la Société de géographie de Paris, sous le patronage de la Ligue maritime française.