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Page:Rey - Les mathématiques en Grèce au milieu du Vème siècle, 1935.djvu/5

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AVANT-PROPOS



Croyez-vous que l’histoire des sciences ait jamais pu contribuer à leur avancement ? » — « Croyez-vous que l’histoire, toute l’histoire depuis la plus lointaine préhistoire jusqu’à celle de la grande guerre et de l’après guerre ait jamais fait avancer la solution d’une question économique, sociale ou politique pendante ? ». C’est le problème de l’utilisation de l’histoire tout entière, lequel ne met pas en question sa légitimité comme science »[1].

  1. Car encore que l’histoire ne fût pas une science (à distinguer science de savoir : tout cela est affaire de mots et de définition, peut-être manière de voir subjective et momentanée) l’histoire n’en reste pas moins la seule façon de nous représenter notre passé, et le passé de quoi que ce soit, passé qui, à l’exception de l’instant présent (?) est le tout de nous-mêmes et des choses. Voilà qui suffit à légitimer l’histoire, qu’elle soit ce qu’elle voudra, ou ce que nous saurons ou pourrons la faire. En fait, notre savoir ne serait pas grand’chose s’il n’enveloppait, en quelque sorte hors du temps, que les lois constantes et abstraites sous lesquelles évoluent les phénomènes qui constituent notre univers : nôtre non seulement parce qu’il est un entre une infinité d’autres que ces lois rendaient possibles, mais encore parce que nous en sommes nous-mêmes un élément. Il reste essentiel de comprendre comment l’évolution de ces phénomènes a amené dans le temps par l’interférence de ces lois abstraites, leurs conditions nécessaires, l’aspect concret sous lequel nous est donné ce monde. Il y entre évidemment un élément de contingence, même si nous admettons un déterminisme absolu ; car d’autres univers étaient possibles, et il faut bien que nous essayions de raconter par exemple la genèse de notre système solaire (qui pouvait avoir plus ou moins de planètes, de masses plus ou moins considérables, à des distances plus ou moins grandes) si nous prétendons à le connaître. Que nous connaissions ou ignorions les causes qui lui ont donné son aspect, il n’en reste pas moins que nous ne connaîtrons notre univers réel que si nous sommes capables d’en reconstituer l’histoire. En somme, rien ne nous est donné jamais