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Page:Rey - Les mathématiques en Grèce au milieu du Vème siècle, 1935.djvu/6

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LES MATHÉMATIQUES EN GRÈCE

Il n’est pas de notre goût d’entrer dans la discussion de cette question dialectique. Aussi bien la peut-on et la doit-on résoudre ainsi que tant de questions dialectiques comme Diogène a résolu la question « dialectique » de la possibilité du mouvement[1]. Mais nous avons le droit de dire que l’histoire des sciences et la question de son utilité pour le progrès des sciences, comme la question de l’histoire politique, militaire, économique, etc., et celle de leur utilisation pratique, sont sur des plans tout à fait différents. Même si, en aucune façon, l’histoire ne pouvait jamais être utile aux progrès des choses dont elle est l’histoire, elle resterait utile, nécessaire à la connaissance de ces choses elles-mêmes. Elle fournirait toujours un élément intégrant de notre savoir sur ces choses en ce sens qu’elle nous apprendrait comment ces choses ont eu et ont les aspects réels et concrets sous lesquels elles nous ont été et sont données.

C’est prétendre que l’éminente utilité de l’histoire des sciences, consiste à nous apprendre ce que les sciences ont été pour l’homme et leur place, leur rôle dans l’évolution de l’humanité. Par là, elle est un facteur essentiel de l’histoire générale — beaucoup trop négligée jusqu’ici, car l’ignorance de l’histoire des connaissances humaines altère toute tentative d’histoire de la civilisation.

L’homme a toujours eu une représentation du monde (peu importe son caractère d’exactitude). Et cette représentation est au centre de ses déterminations d’ordre pratique et social. Ses actes sont commandés par ce qu’il sait techniquement, et son savoir technique est lié à la fois comme effet et comme cause avec sa représentation du réel, des choses, en conclusion, de son univers. Cela n’est pas moins vrai de sa civilisation matérielle (les « âges » commandés directement par les techniques) que de sa civilisation intellectuelle et spirituelle qui a des rapports certains et capitaux (bien que tout soit encore à faire dans, la précision de ces rapports) avec sa culture technique (y compris la technique

    dans notre expérience que sous son aspect particulier, concret, individuel. Le nominalisme a raison en ce point. L’expérience humaine n’est à son départ composée que d’individuels. Tout le reste est atteint à travers. Mais alors la connaissance de ce réel n’est possible que si l’on peut savoir l’histoire de ces individuels.

  1. Nous ne voulons pas dire qu’il n’y ait pas d’autres solutions (?) ou plutôt d’autres façons de parler de ces questions. Mais il y a, entre autres, cette solution pragmatique ou technique.