Page:Ribot - La vie inconsciente et les mouvements, 1914.djvu/107

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rieure, — ne peut se développer sans un langage quelconque, extérieur ou intérieur, parlé ou écrit, ou sous d’autres formes encore, car la facultas signatrix est féconde en ressources. Ainsi, un architecte peut imaginer et dessiner le plan d’un édifice sans aucune parole intérieure ou extérieure. En dehors de ce cas particulier et de ses analogues, la pensée a toujours besoin d’un langage quelconque qui n’est pas seulement un véhicule, mais une condition nécessaire, sans quoi elle reste confuse et schématique. Tout ceci est admis comme étant la règle générale, mais nous avons dit que Stout et d’autres supposent des exceptions ; tel est le point litigieux.

Pour étayer la possibilité de la pensée sans mots, le principal argument qu’on a fait valoir est l’antériorité de la pensée par rapport au langage intérieur et extérieur. Cette raison se rencontre dans la formule souvent citée de Bonald : avant de parler sa pensée, l’homme doit penser sa parole.

La question est fort embrouillée.

En général, chez l’homme adulte, l’idée et le mot forment un tout ; ils se présentent simultanément dans la conscience. Pour ceux qui sont