Page:Ribot - La vie inconsciente et les mouvements, 1914.djvu/108

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doués d’une élocution facile, il y a un développement sans arrêt où chaque mot correspond à des idées ou à leurs rapports entre elles. Cela résulte d’une disposition naturelle et aussi, « surtout chez les verbomanes », d’une activité automatique, d’un mécanisme verbal ; les associations souvent répétées s’éveillent rapidement et surgissent au moment opportun.

Mais il y a des gens riches d’idées qui parlent lentement, hésitent, cherchent leurs mots, soit parce qu’ils ont le goût de la concision, de l’imperatoria brevitas, soit parce qu’ils poursuivent une adéquation complète entre leurs idées et les mots qui les expriment. Très communément on cherche sans le trouver un mot (substantif, verbe, adjectif), qui traduise rigoureusement la pensée.

Ces faits ont encouragé à admettre une pensée pure, dénuée non seulement de tout élément sensoriel, présenté ou représenté, mais même de toute parole intérieure. Cette affirmation absolue n’est pas à l’abri de la critique. Est-il certain que ces moments d’hésitation et d’arrêt, vides de tout élément sensoriel et verbal conscients, soient de ce fait totalement vides ?

On oublie l’activité subconsciente et incon-