Page:Ribot - La vie inconsciente et les mouvements, 1914.djvu/109

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sciente. Sans doute elle reste cérébrale par suite de conditions inconnues qui l’empêchent de s’élever jusqu’à la conscience, mais elle n’en a pas moins son influence sur la pensée.

Remarquons que durant ces moments d’arrêts nous éprouvons un sentiment d’attente, de tension, d’effort. Cet état de la conscience se réduit à un ensemble de tendances motrices qui sont les substituts insuffisants et éphémères de ce qu’on cherche, mais on ne cherche que ce qu’on est sur le point de trouver[1].

Les partisans de la pensée pure ont le tort de s’enfermer exclusivement dans la conscience.

Après ces remarques générales, passons aux faits. Les partisans de la pensée sans mots ne produisent guère d’observations probantes. Je

  1. Le Dr Saint-Paul, dans son livre Le Langage intérieur et les paraphasies (F. Alcan), très instructif, malgré l’excès des néologismes, a fait la même remarque : « Les images et les mots sont suscités à l’appel de la pensée, et c’est grâce à l’image ou au mot que l’acte psychique prend une connaissance précise de soi-même. Les centres du langage qui sont aptes à donner au maximum cette connaissance précise, sont donc des centres connexes, des centres miroirs [où se produit la conscience], grâce auxquels l’autoconscience de la pensée devient possible. Mon opinion est que tout acte — y compris celui de penser — est en soi, inconscient et qu’il ne devient conscient que lorsqu’il reçoit, grâce à un centre intermédiaire (réflecteur, miroir) le contre-coup de sa propre activité. »