Page:Ribot - La vie inconsciente et les mouvements, 1914.djvu/115

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

métaphoriques et forcément vagues, des moyens qui leur paraissent surnaturels. Et cela n’est pas une preuve en faveur de l’absence de tout langage. (J’emploie ce mot au lieu du terme parole, parce qu’il est plus étendu.) Bien au contraire. À la vérité, il y a des cas comme celui de sainte Thérèse où toute forme de langage semble disparaître.

Nous touchons ici à l’idéal de la pensée pure, à ce que j’appelle la limite de l’anéantissement intellectuel ; à ce degré de ténuité intellectuelle où voir et entendre se confondent.

Finalement, la différence entre les deux cas — pensée sans images, pensée sans mots — s’explique sans difficulté. Par une simple vue de l’esprit, prenons la pensée en elle-même, in abstracto, supposée pure, vide : par rapport à elle, les images sensorielles sont un contenu ; mais les mots ou signes quelconques sont davantage ; ils sont inhérents à son mécanisme. Elles sont l’ossature qui lui permet de se fixer et de se développer.