Page:Ribot - La vie inconsciente et les mouvements, 1914.djvu/148

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partout et a pour effet la stagnation. C’est le misonéisme.

Cette disposition de l’esprit est complexe. Elle résulte d’une répugnance à l’effort et d’un défaut de plasticité. Toute innovation suppose trois moments : une rupture d’habitude, une adaptation nouvelle, la consolidation d’une autre habitude. Elle est rare dans la jeunesse qui est plastique et dont la débordante activité s’adapte aisément sans effort. Plus tard, on devient réfractaire. La volonté de l’homme moyen est d’une vigueur et d’une persévérance médiocres ; son attention se fatigue vite. Il n’a pas tort de redouter les nouveautés ; elles exigent un effort au-dessus de ses forces. Parfois il supportera de grands inconvénients, même des souffrances aiguës auxquelles il s’est habitué peu à peu plutôt que de risquer l’effort nécessaire pour s’arracher à l’habitude et à améliorer sa situation. On a fait remarquer avec justesse que ce misonéisme a des raisons biologiques, parce qu’il est, même chez l’homme normal, une forme de l’instinct de protection.

Le misonéisme complet est rare en pratique, à cause des nécessités de la vie qui imposent le