Page:Ribot - La vie inconsciente et les mouvements, 1914.djvu/168

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grands actifs sont des machines dotées d’une quantité d’énergie qui semble inépuisable, toujours prête à se dépenser, soit en œuvres éclatantes, soit tout simplement en sports, en voyages sans but, en frivolités mondaines. Ils sont poussés par un ressort intérieur qui leur interdit le repos[1].

Sauf les réserves précédentes, on peut dire que, par nature, l’homme est enclin au repos et disposé au moindre effort. Si cette affirmation semble paradoxale, c’est que l’apparence cache la réalité et que l’on tient pour inné ce qui est acquis. On confond l’activité inséparable de la vie, qui existe chez tous, avec l’effort proprement dit. Ferrero distingue de même entre « l’exercice » (nul n’est totalement oisif) et le « travail » qui doit produire quelque chose.

Quand on considère l’agitation incessante d’une grande ville, de la multitude des gens affairés chez eux ou au dehors, on est disposé à dire que l’homme aime à agir. Cependant, cette débordante agitation ne contredit en rien notre

  1. Mme de Rémusat disait de Napoléon Ier : « Il a l’air sans cesse de haïr le repos pour lui et pour les autres », Mémoires, t. I, p. 125.