Page:Ribot - La vie inconsciente et les mouvements, 1914.djvu/68

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brillantes reparties, nos saillies humoristiques, nos façons neuves de prendre les choses, la fin de nos phrases ayant une tournure que le commencement n’aurait jamais fait soupçonner : tout cela et une infinité d’autres expériences journalières, prouve l’abondance de l’activité verbale travaillant quelque part, en dehors des limites de la conscience… On voit donc que ce que nous avons à expliquer, ce ne sont pas seulement les inspirations du génie, mais tous les apports inattendus de toute espèce, mais les envahissements pacifiques de la conscience pour une création heureuse, quelque simple qu’elle soit[1]. »

  1. A. Peirce, An appeal from the prevalent doctrine of a detached subconsciousness, étude remarquable publiée avec d’autres mémoires, dédiée au Prof. Garman par ses élèves américains, sous le titre « Studies in Philosophy and Psychology », in-8, New-York, 1906. L’auteur a soumis à une critique très vive les théories en vogue. La plupart de leurs partisans ont oublié cette règle de méthode scientifique : qu’il ne faut pas faire d’hypothèses inutiles ; mais tâcher au contraire de ramener aux faits connus ; qu’il faut toujours chercher l’explication la plus simple, les analogies les plus naturelles ; que la loi de parcimonie est valable pour la psychologie comme pour les autres sciences. Or on a « scandaleusement » enfreint toutes ces règles pour user des interprétations les plus dramatiques. Ce qui a fait la fortune de ces doctrines, c’est qu’elles établissent une continuité entre la conscience primaire et la conscience secondaire (subconscient). On a essayé d’expliquer l’inconnu par un appel à l’inconnaissable. Il faut