Page:Ribot - La vie inconsciente et les mouvements, 1914.djvu/92

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de juger dans sa nature essentielle, et je me rallie pour ma part à son explication : j’en présente le résumé.

« Ce qui fait le jugement, c’est le rapport de l’état mental avec son objet. Ce rapport doit être tel que l’état mental concorde complètement avec cet objet, et l’homme qui juge émet intentionnellement cette concordance. L’état, qui est un jugement, diffère de l’état qui ne l’est pas en ce que le premier est orienté vers une fin qui est la concordance avec l’objet auquel il se rapporte. Cette finalité est l’essentiel du jugement et elle n’a pas besoin d’être constatée pour exister : ce qui explique pourquoi l’observation subjective ne révèle pas ce qui transforme l’état de conscience simple en jugement : c’est que le jugement énonce un rapport entre l’état de conscience et son objet et, par suite, ce rapport ne peut être trouvé dans l’analyse psychologique de l’état de conscience[1].

Par suite de son développement naturel, l’activité pensante, le jugement, se différencie, se dégage peu à peu des présentations et des

  1. Toutefois, nous ferons remarquer qu’il ne faudrait pas oublier qu’à l’origine, le jugement (les enfants, les primitifs) est un acte affirmatif ou négatif, c’est-à-dire, un état moteur, plutôt qu’une connaissance.